Une première dans le monde des magistrats : le Syndicat des magistrats tunisiens (SMT) et l'Association des magistrats tunisiens (AMT) sont tombés d'accord sur la date de la grève que les magistrats observent demain, en signe de protestation contre le contenu du projet de loi soumis à l'ANC en vue de la création d'une instance provisoire de la justice judiciaire. Le conseil national de l'AMT tenu hier après-midi a fini par avaliser la date déjà arrêtée, avant-hier, par le syndicat. Une source auprès de l'Association précise, toutefois, : «Nous n'avons pas suivi la décision prise par le syndicat. Ce sont plutôt les adhérents de l'AMT, soit la base comme l'a signalé notre présidente Kalthoum Kannou, qui ont tranché lors du conseil national». La même source précise encore : «Les travaux de notre conseil national ne se sont pas limités uniquement à la définition de la date de la grève. Nous avons évoqué également la question de la révocation des magistrats, compétence que nous estimons devoir faire partie des attributions de la future instance. Les membres du conseil national de l'AMT exigent, d'autre part, que les prérogatives dont bénéficie actuellement le ministre de la Justice, plus particulièrement en matière de sanctions disciplinaires, à l'encontre des magistrats, soient confiées aussi à l'instance provisoire de la magistrature judiciaire». Il est à rappeler qu'aussi bien le syndicat que l'association des magistrats s'opposent à la composition telle que proposée par le projet de loi en question. Ils considèrent qu'elle est de nature à favoriser la mainmise du pouvoir politique sur la profession des magistrats. Bien que défendant pratiquement les mêmes positions, l'AMT et le SMT agissent en rangs dispersés et ne manquent aucune occasion pour s'égratigner et échanger les petites phrases qui ne font qu'approfondir les divisions parmi les magistrats.