Les commissions de l'Assemblée nationale constituante (ANC) réunies, lundi, pour l'examen des propositions d'amendement du projet de Constitution présentées par les élus, et celles issues du dialogue national sur la Constitution, ont enregistré des points de vues différents à propos de l'inscription dans la Constitution de notions et d'instances considérées par certains comme une menace pour le caractère civil de l'Etat et l'indépendance de la magistrature. Les travaux de la Commission des instances constitutionnelles ont, notamment, dû être arrêtés sur décision du vice-président de l'ANC, Abdelaziz Chaâbane, après disputes et échanges d'accusations entre les élus d'Ennahdha et ceux de l'opposition au sujet de l'inscription dans la Constitution du Conseil supérieur islamique. Abdelaziz Chaâbane a refusé l'opération de vote sur la constitutionnalisation du Conseil supérieur islamique, chose que les élus de l'opposition, du bloc démocratique, de la Pétition populaire (Al-Aridha), ainsi que les indépendants, ont qualifiée de «manipulation des règles de gestion des travaux de la commission». Les élus Mehdi Ben Gharbia (bloc démocratique), Abdelmonem Kerir (Pétition populaire) et Naceur Brahmi (indépendant) ont estimé que «le président de la séance et les élus d'Ennahdha ont refusé le vote après s'être assurés qu'il ne sera pas en leur faveur». Abdelaziz Chaâbane a démenti cette accusation, avançant qu'il «n'est pas logique de procéder au vote sur la constitutionnalisation des propositions avant d'en débattre», ce que les députés de l'opposition ont refusé, ajoutant que les amendements doivent être tranchés en plénière. Un autre différend s'est, également, produit au sein de la Commission du Préambule et des principes généraux de la Constitution, entre les députées Maya Jribi (Parti républicain) et Lobna Jribi (Ettakattol). Et pour cause, Maya Jribi s'est dite consternée face aux déclarations de Lobna Jribi sous-entendant que le Parti républicain n'a pas pris de position vis-à-vis des propositions d'Ennahdha qui «menaceraient le caractère civil de l'Etat». S'agissant de la Commission de la justice judiciaire, administrative, financière et constitutionnelle, des différends sont, également, apparus sur l'indépendance du ministère public et du ministère de la Justice, et sur la composition du Conseil supérieur de l'autorité judiciaire. La Commission des droits et libertés a, quant à elle, longuement discuté les amendements du deuxième projet du chapitre des droits et libertés qui, selon la présidente de la Commission Farida Laâbidi, ont été convenus à l'unanimité.