Dans le cadre des activités du Forum social mondial, des associations internationales se sont rassemblées hier dans un forum «contre les grands projets inutiles imposés». L'objectif des organisateurs a été, d'une part, de présenter des cas typiques de projets désastreux et inutiles de par le monde et, d'autre part, d'essayer de créer une charte qui servira de plateforme internationale de lutte contre ce genre de projets. Les projets dénoncés, se succèdent et les histoires se ressemblent, avec une incompréhension, puis une mobilisation citoyenne souvent réprimée de façon disproportionnée par rapport aux moyens de résistance dont disposent les activistes. Démolir un aéroport classé parmi les meilleurs et décider de construire un autre à 40 kilomètres, c'est la folle ambition de la région de la Loire en France à laquelle s'opposent un nombre important de citoyens groupés en une association appelée Acipa, représentée hier par Rosaine Perrot, qui dénonce un chantier inutile et coûteux tant pour les caisses de l'Etat que pour l'environnement. «Les autorités publiques ont avancé plusieurs arguments peu convaincants quant à l'utilité d'un projet qui ne garantira même pas des emplois durables, alors qu'il prévoit la destruction de 2.000 hectares de terres agricoles situés dans des zones humides remarquables», explique-t-elle. En fait, selon Rosaine Perrot, ce projet entre dans le cadre d'une compétition acharnée entre les régions françaises, dans ce qu'elles appellent «attractivité du territoire», chose qui ne sert qu'à satifaire les ego des élus de la région. Dans cette lutte, l'association utilise des instruments juridiques pour gagner du temps, des instruments politiques (une lettre hebdomadaire est envoyée au président François Hollande) et des instruments de résistance citoyenne sur le terrain qui a été renforcée au lendemain de la répression policière ordonnée par le ministre de l'intérieur pour déloger les résistants. Venu parler d'un projet «inutile» en Italie, qui consiste en une ligne à grande vitesse en milieu urbain à Florence, Tiziano Cardosi, du comité «No Tunnel Tav», fait observer que l'inutilité des grands projets entrepris en Europe et un peu partout sur la planète traduit en fait la crise du capitalisme depuis les années 1970. «La crise du capital le pousse à se tourner vers de grands projets afin d'augmenter son taux de profitabilité», souligne-t-il. D'autres associations de différents pays ont également fait état de projets, dont certains ont d'ores et déjà été mis en œuvre, comme c'est le cas de la construction en Italie de sept bases américaines (rien que ça !). Les différentes expériences évoquées ont montré à quel point la mobilisation citoyenne est devenue primordiale dans un monde où même la démocratie, souvent bipolaire, est en crise et où les citoyens se trouvent face à un système «démocratique» qui, parfois, broie les revendications spécifiques des citoyens.