Initialement prévue pour soutenir la juste cause palestinienne et contre la normalisation avec l'Etat hébreu, la marche de solidarité avec le peuple palestinien, organisée hier, s'est vue grandir avec l'affluence de milliers de manifestants, à Tunis, notamment les participants au Forum social mondial, ce qui lui a donné une autre dimension. C'était une fête et un défilé mondial des activistes, humanistes, syndicalistes et défenseurs de maintes causes de tous bords. L'ambiance hier, vers 14h00 à la place Mohamed Ali, devant le siège de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) était plutôt engagée avec quelques centaines de syndicalistes et activistes de la société civile, tunisienne et internationale. «Le peuple réclame la libération de la Palestine», «Pour la criminalisation de la normalisation», «Résistance, résistance, ni réconciliation ni négociation», des slogans scandés et des banderoles brandies signifiant l'appartenance à la terre, à la Palestine. Des centaines de drapeaux flottaient, de la Tunisie, de Palestine, de Syrie et de la Confédération européenne des syndicats (CES), outre ceux du Front populaire, du mouvement Achaâb et d'autres partis de gauche. Pins et autocollants sur sa casquette et sa chemise, drapeau à la main, Thiery Lescart, membrre de l'Union syndicale solidaire, a affirmé que son organisation, partenaire depuis longtemps de l'Ugtt, vient soutenir toutes les causes et les révolutions. «La problématique de la Palestine importe beaucoup. Nous nous activons pour elle en France et nous participons à plusieurs missions en Palestine» a-t-il ajouté. Pour sa part, Kaïs Ben Yahmed, syndicaliste tunisien, s'est étalé sur les travaux et les activités auxquels la centrale syndicale tunisienne a pris part lors du FSM, tout en soulignant l'importance des échanges effectués dans le village syndical avec la participation de syndicalistes européens et maghrébins. Il a insisté sur le conflit qui existe entre les syndicats et les multinationales. Le message est passé à travers ce forum. On a réaffirmé que les syndicats du monde sont unifiés dans plus de 150 pays pour lutter contre les attaques qui les visent et qu'ils vont continuer à faire face aux forces qui causent l'appauvrissement des peuples et la sur-exploitation de leurs richesses. On a eu de bons échos, partout dans le monde, a-t-il ajouté. L'arche de Gaza «La Palestine est arabe» «Peuple tunisien, peuple libre, ni les Etats-unis, ni Qatar» «Alliés de l'impérialisme, arrêtez de mettre vos mains sur la cause», c'est avec de tels slogans que la marche a commencé son trajet, vers 14h20 pour rallier l'avenue Bourguiba déjà occupée par des foules qui animaient le centre-ville depuis la matinée. Distribuant des brochures, Torstein Dahle, un Norvégien, la soixantaine, à côté d'une dizaine d'autres activistes de la coalition internationale «L'Arche de Gaza» poursuit la pression pour lever l'embargo imposé sur Gaza. «Aujourd'hui, nous persistons avec des experts internationaux pour la construction de bateaux pour acheter un cargo en vue de stimuler l'économie locale à Gaza et pour casser et défier le blocus israélien», a-t-il expliqué avec le sourire d'un grand sage. Et alors que la marche avançait à l'avenue Bourguiba, plusieurs autres milliers de manifestants sont venus se joindre au beau monde qui n'a pas arrêté de scander des slogans, de chanter et de danser. Des associations et des ONG du monde entier. Un groupe de Palestiniens, jeunes et moins jeunes, se sont positionnés au milieu de la foule. Ghassen Abou Khedhir, d'Al Qods, nous a affirmé qu'une telle manifestation de soutien à la juste cause palestinienne n'a pas eu lieu depuis des décennies. «Le message principal indiquant que la cause palestinienne est une cause centrale notamment pour l'entité arabe est bien passé à travers ce Forum. Il tombe à pic puisque les leaders palestiniens ne font pas grand-chose pour le promouvoir et pour déstabiliser les sionistes qui ont qualifié l'année 2012 comme la meilleure pour eux sur le plan sécuritaire. Nous les Arabes, il ne faut pas qu'on reste indifférents face aux agressions sionistes», a-t-il conclu. Jusqu'à l'ambassade de Palestine L'ambiance est devenue plus festive avec l'adhésion de plusieurs groupes et troupes musicales et de danse. Stambeli et tambour par-là, kora (instrument musical sénégalais) par-ci. Tout le monde a eu droit à un rythme à son goût, alors que Maha Abdelhamid, activiste contre le racisme, brandissait une pancarte sur laquelle elle a inscrit : «Stop au racisme contre les Palestiniens». Pour elle, le racisme et la discrimination raciale en Tunisie persistent encore et les gens dits de couleur doivent avoir une visibilité et une dignité comme tous les autres. La marche s'est poursuivie pour rejoindre l'avenue Mohamed-V et la Place 14 Janvier. Vers 17h00, une légère pluie est venue apaiser l'ambiance. Alors que certains participants au FSM ont déjà plié bagages, d'autres ont poursuivi la marche jusqu'au siège de l'ambassade de Palestine où Nabil Chaâth, membre du comité central du mouvement Fath a prononcé un discours exprimant sa gratitude aux participants du FSM.