Afin d'assurer le bon suivi médical des patients soignés dans les hôpitaux publics, le ministère de la Santé publique procède de manière supposée périodique à la révision de la liste officielle des médicaments prescrits par les médecins traitants du service public et servis dans les pharmacies hospitalières. Le but : faire profiter les patients des nouvelles découvertes pharmacologiques, diversifier les spécialités prises en charge médicalement dans les hôpitaux publics et retirer du marché local les médicaments proscrits à l'échelle internationale pour cause de toxicité ou autres incidents, comme ce fut le cas récemment de la fausse pilule Diane 35. Dans ce contexte, une nouvelle nomenclature hospitalière, en cours d'étude, est attendue au mois de juin 2013. « La révision de la nomenclature des médicaments est une opération systématique qui sert à répondre à toutes les demandes en termes de traitement des maladies dans les hôpitaux tunisiens », explique Mme Nadia Fénina, directrice de la pharmacie et des médicaments au ministère de la Santé publique. Elaborée par un comité élargi d'experts, cette révision permet également de retirer du marché local les médicaments qui sont supprimés du marché international et souvent remplacés par d'autres molécules soit parce qu'ils ne sont plus utiles scientifiquement ou parce qu'ils présentent des risques de toxicité. « Le changement de nomenclature permet aussi d'introduire de nouvelles spécialités, l'idéal serait de revoir cette liste chaque année pour être à jour des découvertes de la recherche scientifique et pour, ainsi, préparer à temps les appels d'offres pour l'acquisition des nouveaux médicaments», explique encore Mme Fénina. En Tunisie, ce n'est pas encore le cas, la dernière actualisation de la liste des médicaments prescrits dans les hôpitaux publics date de 2010, celle qui l'a précédée remonte à 2000. En 2010 : ajout de 548 nouvelles formes La révision de 2010 a permis de diversifier et de renforcer la liste des médicaments utilisés dans les hôpitaux en introduisant de nouvelles spécialités. Le nombre des médicaments est ainsi passé de 860 à 1.255 avec 548 formes ajoutées et 167 supprimées. Ce qui explique sans doute le volume de la facture de l'approvisionnement des hôpitaux en médicaments en 2011, soit 369MD, contre 190MD en 2005. Toutes les spécialités ont été concernées par cette révision dont la dermatologie, la pneumologie, la rhumatologie, mais certaines ont été plus renforcées que d'autres, c'est le cas de la cancérologie (de 27 à 113 médicaments), du métabolisme et nutrition, de la neurologie, de l'infectieux et de la cardiologie. La prochaine liste, en cours d'examen, est prévue pour cette année 2013, d'ici au mois de juin plus précisément. Quelques spécialités seront de nouveau enrichies par de nouveaux médicaments comme la cardiologie et la pneumologie « On ne devrait pas s'attendre à beaucoup de changements car les nouveaux médicaments introduits en 2010 continuent d'arriver petit à petit », ajoute la responsable au ministère de la Santé publique qui mentionne une progression de 30% en nombre de médicaments entre 2000 et 2013. Cela dit, on ne peut pas s'empêcher d'évoquer un problème devenu récurrent à l'échelle nationale, celui de la pénurie soudaine, sans préavis, de divers et nombreux médicaments dans les pharmacies privées cette fois. Ces manques sont désormais très fréquents et impromptus et n'épargnent aucune catégorie de médicaments même les plus simples. Les pharmaciens de libre pratique, pour leur part, ne sont généralement pas informés des causes des pénuries prétextant très souvent et tout simplement l'épuisement de stock sans plus. Ce qui laisse souvent le citoyen pantois et sans moyen de recourir au médicament miracle à même de soulager ses maux. Il est, de ce fait, souhaitable que le conseil national de l'Ordre des pharmaciens réagisse et intervienne pour canaliser l'information et surtout la vérifier pour établir un canal de communication entre les différents intervenants dont la Pharmacie centrale, importateur des médicaments et l'Organisation de défense du consommateur. Ce canal peut être instauré soit à travers le web soit par le biais de communiqués afin d'informer les citoyens sur la situation des médicaments en Tunisie et surtout sur les tenants et les aboutissants des pénuries de médicaments. Cela entre dans le cadre de la transparence commerciale et dans l'ancrage des bonnes relations entre consommateurs et fournisseurs.