Vers la rédaction d'une nouvelle charte qui régirait les ciné-clubs dans le monde. Ouverture, lundi soir à Hammamet, du 26e Congrès international des ciné-clubs qui se tient du 1er au 7 avril . En quoi est-ce un évènement important ? Parce qu'on aime le cinéma, bien entendu , mais c'est surtout parce que c'est pour la première fois de son histoire que ce congrès se tient dans un pays arabe et africain. Son histoire en deux mots ? Depuis la création de la Fédération internationale des ciné-clubs, il y a 66 ans, les représentants des ciné-clubs du monde ne se sont réunis qu'en Europe, à l'exception de Cuba en 1985 et du Brésil en 2010 . Et c'est, d'ailleurs, lors de cette dernière joute que la Tunisie fut choisie pour abriter la 26e réunion des représentants mondiaux des ciné-clubs. Le fait que la Tunisie ait signé le début du « Printemps arabe » n'est pas, semble-t-il, étranger à cette décision. Le Brésilien, Claudino de Jésus, président de la Fédération internationale des ciné-clubs, l'a confirmé dans son discours d'ouverture. « Les ciné-clubs du monde entier sont aujourd'hui solidaires avec la Tunisie de la révolution », a-t-il déclaré. Et de préciser : « C'est à partir de cette Tunisie, qui peut énormément contribuer au développement de l'esprit des ciné-clubs dans le monde, que nous comptons lancer la rédaction de la Charte de Carthage ». Car il s'agit bien de rédiger une nouvelle charte à l'issue de ces réunions, qui dureront une semaine. Une charte qui signerait un nouveau départ pour les ciné-clubs, obligés de s'adapter à un nouveau contexte mondial. A part la Fédération tunisienne des ciné-clubs, représentée par M. Chokri Médiouni, l'évènement est organisé également par le ministère de la Culture, en plus d'une contribution très timide du ministère du Tourisme. Pourtant, et de la bouche de Claudino de Jésus, jamais un congrès n'a enregistré une telle affluence! Les cinq continents sont, en effet, présents à Hammamet avec plus de 60 pays, dont certains peu habitués à ce genre d'évènements, comme l'Afghanistan, le Népal, l'Equateur, le Chili ou la Nouvelle-Zélande qui sont en train de découvrir, en ce moment, la Tunisie et son militantisme à travers les ciné-clubs. Rappelons que la dynamique associative dans ce domaine existe depuis 1950, date de création de la Ftcc. Un levier extrêmement important dans la diffusion de la culture cinématographique et culturelle. Le ministre de la Culture, Mehdi Mabrouk, l'a, d'ailleurs, affirmé dans son discours d'ouverture, avant d'ajouter : « La responsabilité est extrêmement lourde, aussi bien pour les gouvernants que pour les gouvernés, lorsqu'il s'agit de la liberté et des exigences infrastructurelles dignes du 7e Art ». Une responsabilité qui, selon le ministre, serait de taille, quand il est question de « la socialisation cinématographique », dans un contexte où l'image structure le sens de la citoyenneté. Mais si le ministre conclut son discours par l'espoir de voir « une mouvance cinématographique capable d'asseoir une République digne de notre révolution, nous formulons le vœu de voir de nouveau la culture des ciné-clubs réintroduite dans nos lycées et dans nos programmes éducatifs ». Une Charte de Carthage, de surcroît, rédigée à Tunis par tous les ciné-clubs du monde, réalisera-t-elle ce vœu ?