L'association «Art solution» a, récemment, organisé la 3e édition de ses rencontres «Open ciphers» (les cercles ouverts), une manifestation éclatée et décentralisée qui allie à la fois performances, ateliers de formation, rencontres et table ronde... Cette association connue par le grand public à travers les performances urbaines «Je danserai malgré tout», s'active aussi dans la promotion de la culture émergente et œuvre pour des projets socioculturels témoignant des mutations de notre société sur la scène culturelle et artistique, ainsi que pour toute la mouvance underground tunisienne. La première journée a été consacrée à un échange et à une réflexion autour d'une problématique à la fois artistique, mais aussi sociale et économique: l'impact socioéconomique de la «culture underground» au sein de la société tunisienne. En effet, la place significative que l'art urbain acquiert peu à peu, aussi bien dans l'industrie du tourisme que dans les sociétés de développement industriel ou encore dans les entreprises de communication et marketing, devient de plus en plus visible, rien qu'à regarder les spots publicitaires de certaines marques aussi bien à l'étranger que chez nous. On veut associer son image et son label à cette culture porteuse d'une certaine vision du monde qui les rendrait populaires auprès du public visé. La rencontre a essayé d'apporter des réponses à certains questionnements : dans quelle mesure les modèles de financement, sur lesquels repose jusqu'à présent la culture, sont-ils à revoir ? A quel point l'émergence d'une culture urbaine et populaire chez les jeunes peut-elle être un facteur de paix sociale? Comment peut-elle faciliter l'implantation d'entreprises économiques dans des zones et des régions considérées «hostiles» ? Dans le cadre d'un échange et de partage culturel à l'échelle internationale, ces questions ont été abordées par les deux intervenants, Tayroon, qui est le fondateur et l'organisateur du plus grand festival de break dance (le «IBE») et Tya Corpe, une activiste du monde hip-hop et consultante en musique à Copenhague (Danemark), qui ont donné leurs points de vue et leur manière de fonctionner. Le premier a abordé sa démarche de collecte de fonds et d'établissement de partenariats pour réaliser les plus grandes rencontres de break dance dans les plus grandes capitales européennes et asiatiques. Quant à la seconde, elle a apporté son témoignage sur son rapport social au «street art» et sur son travail d'activiste auprès des enfants dans les camps palestiniens. A travers cette rencontre et cet échange «Art solution», on voulait amener l'art undergound, avec toutes ses disciplines, à être au cœur d'un débat. On voulait que les différentes performances et les happenings ne restent pas cloisonnés dans leur simple aspect spectacle et spectaculaire et que cet art, qui émerge de la rue, puisse être aussi un des piliers des projets de développement et un facteur de taille dans l'introduction de l'entreprise dans le tissu social et l'acceptation de la marque par les consommateurs. Du coup, «Art solution», en tant qu'association active dans la culture alternative, se propose comme un intermédiaire entre l'entreprise et son environnement pour plus de cohérence. Les entreprises, en contrepartie, soutiendront et financeront la culture underground pour imposer leurs marques, mais aussi pour augmenter leur popularité et s'intégrer à un environnement « qui serait alors sympathique» à leurs produits. Ainsi, l'entreprise, en tant qu'unité institutionnelle responsable et citoyenne, assumera aussi sa responsabilité en créant un partenariat avec le monde de la culture, pour et avec ses employés et leur entourage, leur permettant de sortir du quotidien du simple rapport employé-employeur, afin de trouver des canaux de communication, loin du stress et des tensions de tous les jours.