Port du brassard rouge aujourd'hui en signe de protestation contre le gouvernement qui n'a pas accédé à leurs demandes Les avocats porteront aujourd'hui le brassard rouge en signe de protestation contre l'attitude du gouvernement qui, comme le précise Me Ahmed Seddik, membre du Conseil de l'Ordre national des avocats, «refuse de répondre positivement à nos demandes concernant la création d'un mécanisme transparent qui aura pour mission de gérer, avec équité, le choix des avocats choisis pour représenter les entreprises publiques devant la justice». En quoi consiste effectivement le désaccord gouvernement-avocats dans cette affaire de choix des avocats mandatés pour défendre les intérêts des entreprises publiques ? Notre source fait remarquer d'emblée : «Il faut reconnaître que ce conflit ne date pas d'aujourd'hui puisqu'il remonte à l'époque du président déchu qui choisissait les avocats qui lui étaient acquis et lui assuraient des services louches pour leur accorder exclusivement le droit de représenter les entreprises de l'Etat aux dépens des avocats classés comme étant opposants déclarés ou ne partageant pas les options de l'ancien régime. Malheureusement, ces pratiques se sont poursuivies après les élections du 23 octobre 2011 et l'accession de la Troïka I au pouvoir. Ainsi, le Conseil de l'Ordre des avocats déplore-t-il le fait que cinq ministres au sein du gouvernement Hamadi Jebali continuaient à confier les affaires en question à leurs amis, à leurs alliés politiques et à ceux qui adhéraient à leurs partis». Une volonté manifeste d'écarter le barreau Face à la poursuite des comportements que les avocats considèrent comme étant partiaux, le Conseil de l'Ordre n'est pas resté les bras croisés. «Nous avons tenu deux séances de travail, la première avec Hamadi Jebali à l'époque où il était encore chef du gouvernement (le ministre de la Justice Noureddine Bhiri n'y a pas assisté) et la deuxième avec Ali Laârayedh mais cette fois en présence de B'hiri devenu, entre-temps, ministre délégué auprès du chef du gouvernement. Au cours des deux séances de travail, le Conseil de l'Ordre des avocats a revendiqué la création d'un mécanisme transparent pour la désignation des avocats conseils d'entreprises publiques. Ce mécanisme consiste en la mise sur pied d'une commission mixte gouvernement-Conseil de l'Ordre des avocats pour régler le différend et opérer les désignations de manière à ce que personne ne se sente lésé ou écarté. La présidence a fait part de sa disposition à prendre en considération nos demandes et a promis de nous faire parvenir un projet de décret-loi qui réglera cette épineuse question. Seulement, notre surprise a été grande de découvrir, début mars dernier, que le texte en question ignore totalement la présence du Conseil de l'Ordre des avocats au sein de la commission qui supervisera les désignations», précise Ahmed Seddik. Réuni le 8 mars dernier, le Conseil de l'Ordre des avocats a décidé «de refuser la création de la commission telle que proposée par le gouvernement». Le Conseil a adressé à la présidence du gouvernement «plusieurs correspondances dans ce sens. Elles sont restées jusqu'ici lettre morte». «C'est la raison pour laquelle les avocats ont décidé de porter, aujourd'hui, le brassard rouge, dans une première étape. Notre action de contestation se poursuivra au cas où le gouvernement continuerait à faire la sourde oreille à nos exigences et le Conseil a déjà décidé de décréter une grève générale le 25 avril dans tous les tribunaux de la République», conclut Me Seddik.