Après avoir été à l'origine de l'atteinte à la dignité nationale par la profanation du drapeau en mars 2012, voilà encore une fois le «niqab» au centre d'une agression quasi terroriste contre une institution publique. Une étudiante portant le «niqab» a cette fois-ci failli, ces derniers jours, provoquer un grave incendie à l'Institut supérieur des langues de Tunis à la cité El Khadhra. Empêchée de passer un devoir surveillé, pour avoir refusé de décliner son identité, donc de montrer son visage le temps de la vérification de rigueur, elle est revenue le lendemain à l'amphi, a déversé dans les lieux une substance inflammable et y a mis le feu. Une enseignante et une autre étudiante ont assisté au déclenchement de l'incendie et ont pu alerter les secours. Il faut dire ici que le problème du niqab est devenu de plus en plus complexe, car la peur a commencé à s'installer dans le milieu d'encadrement au sein des institutions universitaires. Une réunion autour de ladite agression a été organisée mercredi dans l'institut en question et a révélé que le phénomène de non-obéissance des étudiantes portant le niqab aux règlements est en train de prendre de l'ampleur. Après l'atteinte au drapeau national, les dommages causés au bureau du doyen de la faculté des Lettres de La Manouba, voilà maintenant que l'on tente d'incendier un établissement de l'enseignement supérieur. Atteinte aux biens publics. Atteinte au savoir. Atteinte aux lois et règlements. Bien soutenues par leurs camarades, compagnons ou parents, ces étudiantes qui se voilent intégralement commencent à imposer leur loi. Celle-ci n'a rien à voir de près ni de loin avec l'Islam, religion sociable par essence. Ce qui inquiète le plus est cette peur qui a commencé à germer puis s'installer chez le corps enseignant et d'encadrement. Car chacun a commencé à se dire qu'il sera tôt ou tard victime d'actes de violence de la part de ces énergumènes s'il s'amusait à appliquer le règlement sachant qu'il ne pourrait pas identifier, le cas échéant, ses bourreaux. Il est donc du devoir de l'Etat de protéger les citoyens contre ce genre de pratiques hors la loi consistant à se voiler intégralement et porter des gants comme le font les malfaiteurs. Il est en effet quasiment impossible de reconnaître la personne voilée (visage et empreintes digitales). Se sentir citoyen à part entière, c'est se sentir en sécurité dans les lieux publics. Une responsabilité qui incombe essentiellement aux autorités publiques. Mais comment agir dans ce sens lorsque le président provisoire de la République ne voit aucun problème à ce que certaines citoyennes portent le niqab et circulent entièrement voilées, contre les règles les plus élémentaires de la sécurité publique? Se sentir citoyen et vivre ce statut, c'est aussi être capable de jouir d'un excellent niveau de vivre-ensemble. Or cet état implique que tout le monde puisse évoluer dans l'espace public à visage découvert et non à l'image d'un malfaiteur avec masque et gants. Alors, aidons au moins le corps enseignant à faire respecter les règlements et évitons que la société entière ne retombe dans les griffes de la peur.