AMMAN (Reuters) — Les fusiliers-marins israéliens qui ont abordé lundi la flottille d'aide à Gaza l'ont attaquée "sans préavis", peu après la prière de l'aube, rapporte un militant pacifiste qui se trouvait à bord du convoi. "Ils ont tiré à la fois des balles en caoutchouc et des balles réelles. Il y a eu d'emblée cinq morts, après quoi nous nous sommes rendus", a raconté Norazma Abduallah, un Malaisien qui se trouvait à bord du Mavi Marmara, le "navire amiral" turc de la flottille, interceptée dans les eaux internationales. "C'était une attaque totalement barbare. Ils ont recouru à des armes légitimes ou non: des balles en caoutchouc, des balles réelles, des grenades à percussion et des grenades lacrymogènes. Ils ont aussi manié la matraque lors de l'abordage pour prendre le contrôle du bateau", a-t-il dit. Norazma Abdullah, qui figure parmi 124 militants libérés par Israël et raccompagnés lundi avant l'aube à la frontière jordanienne, a déclaré que les passagers de la flottille avaient été ligotés durant 15 heures avant d'être détenus dans le port israélien d'Ashdod. "Un voyage d'amour" Neuf passagers ont été tués lors de l'intervention des militaires israéliens contre la flottille, tous sur le Mavi Marmara, qui se trouvait alors, selon Abdullah, à 68 milles au large de Gaza. "Notre projet initial était de s'arrêter là et de demander l'autorisation d'Israël avant de d'entrer (dans les eaux de Gaza) et, si elle nous était refusée, de rester en mer pour protester, mais ils nous ont attaqués avant même que nous puissions faire quoi que ce soit", a confié Abdullah. Les autorités israéliennes prétendent que leurs militaires auraient été attaqués dès leur abordage du Mavi Marmara par des activistes armés de bâtons et de couteaux, et qu'ils ont dû faire usage d'armes à feu, en état de soi-disant "légitime défense". "Notre voyage à Gaza était un voyage d'amour, et Dieu était avec nous. Par ses agissements, sa brutalité contre des gens désarmés portant un message de paix à un peuple innocent assiégé, Israël a suscité un tollé mondial légitime", a déclaré de son côté Mgr Hilarion Capucci. Le prélat catholique grec, qui figurait parmi les personnalités pacifistes se trouvant à bord de la flottille, avait été emprisonné en 1974 par Israël pour assistance présumée aux Palestiniens avant d'être expulsé.