Lorsqu'on visite les unités de soins situées dans les zones rurales du gouvernorat de Kairouan, on constate qu'elles manquent d'équipements, de personnel médical et d'ouvriers. En outre, la consultation se fait une fois par semaine et le médecin généraliste doit ausculter un grand nombre de patients qui passent toute la journée ou presque dans de longues files d'attente. Le reste de la semaine, les infirmiers assurent les premiers soins, prennent la tension, font des injections ou contrôlent le diabète. En cas de maladies graves, de grippe, de gastro-entérite ou d'insolation, le malade doit chercher un moyen de transport pour se rendre au centre de santé de base du chef-lieu de la délégation ou à l'hôpital de Kairouan, ce qui occasionne beaucoup de dépenses. A l'unité de soins d'El Karma (délégation de Chébika) que nous avons visitée récemment, Imen Guizani, la seule infirmière nommée dans cette unité en compagnie d'une jeune stagiaire, nous explique qu'elle est obligée de faire le ménage, d'acheter les produits détergents et d'affronter l'agressivité de certains individus qui veulent se procurer des calmants. «En effet, nous n'avons ni gardien, ni ouvrier et je me trouve parfois dans des situations dangereuses, devant des blessés ou des désespérés qui veulent à tout prix que je les soigne...». Quatre déplacements d'El Messaïd à Kairouan pour une cataracte Dans la localité d'El Messaïd (délégation d'El Ala), Aïcha Rebhi nous explique que pour que sa mère puisse se faire opérer de la cataracte à l'hôpital de Kairouan, elle a dû louer 4 fois une voiture à 50D le trajet entre leur localité et Kairouan-Ville (soit en tout 200D) : «En effet, une fois c'est pour les analyses, une autre pour les radios, une troisième pour me dire que les radios ont été mal faites et qu'il faut les refaire, et une quatrième pour l'opération, sans compter les contrôles, etc. Il y a de quoi devenir désespéré, surtout que ma mère n'a que moi pour l'aider dans sa vieillesse...».