Le marché a créé et alimenté la bulle. Il y avait de la spéculation sur la rareté Il n'y aura pas de dévaluation du dinar La bulle n'aura, en fin de compte, duré « que » quatre jours. Il n'y avait pas de quoi s'en alarmer outre mesure. Aujourd'hui qu'on enregistre un retour à la stabilisation du dinar sur le marché de change, il faudrait veiller au grain. C'est en substance ce qu'a soutenu hier le gouverneur de la BCT à l'occasion d'une rencontre-débat ‘informelle' avec quelques journalistes. La BCT a d'ailleurs injecté depuis le début de la semaine dernière 638 millions de dinars, ce qui a contribué à rehausser la valeur du dinar. Un vent de panique a en effet soufflé sur le marché des changes entre les 6 et 10 mai. Avec des pointes de 2,22 dinars pour l'euro et 1,69 dinar pour le dollar. C'est seulement à partir de vendredi dernier (le 10 mai) que la courbe a amorcé une inflexion. Aujourd'hui, l'euro est à 2,1305 dinars et le dollar à 1,65 dinar. «La tendance est à la stabilisation». «Le trend baissier du dinar ne date pas d'aujourd'hui. Il reflète, explique le Pr Chedly Ayari, l'état de santé des fondamentaux tunisiens qui ont commencé à s'essouffler dès l'année 2009. On a depuis commencé à s'habituer à cette dépréciation et la BCT intervenait comme régulateur... ». Evoquant les facteurs qui ont suscité «l'emballement d'un coup du marché», le gouverneur de la BCT est, sans surprise, revenu sur les facteurs structurels ( la situation politique, la sécurité, le manque de visibilité...). Il s'est cependant un peu plus longuement arrêté sur les facteurs conjoncturels en soulignant que le 1er trimestre 2013 n'a pas été bon : 2.7% de croissance en glissement annuel. Un taux confirmé hier par l'INS et qui a, il faut le dire, été avancé il y a deux semaines par la BCT elle-même. « L'indicateur de la balance commerciale a été lourd à supporter, le tourisme a régressé, les exportations sont en baisse, les IDE ont diminué, l'inflation a été inertielle et semble résister aux thérapies...Dans cette conjoncture économique médiocre, il y eut un choc d'achats concomitants de devises», relève le gouverneur de la BCT. C'est ainsi que dans le cadre du rapatriement de ses dividendes, Tunisiana a bénéficié d'un transfert de 98 millions de dollars. Ce qui, non sans provocation, nous a fait dire que l'effet qatari se fait peut-être d'ores et déjà ressentir. Chose qu'a, d'un revers de la main, catégoriquement écartée le Pr Chedly Ayari. Les demandes d'achat de devises ont émané, il est vrai, d'autres sociétés telles que la Steg ( 57 millions de dollars), la Stir ( 60 millions de dollars)... Le marché a aussi créé et alimenté la bulle. Il y avait de la spéculation sur la rareté. Le comportement des banques a, par ailleurs, créé de la tension sur le marché en cotant large, pour se couvrir. Il y avait aussi ces bruits qui couraient quant à une prochaine dévaluation du dinar. Sur ce dernier point, Chedly Ayari a tenu à mettre les choses au clair : il n'y aura pas de dévaluation du dinar. Dans ce contexte, même si la ferme réactivation de la circulaire de la Bct d'octobre 2012 n'est pas encore à l'ordre du jour, la BCT pourrait être amenée à aller au-delà de la simple invite et ‘'exhortation ‘' des opérateurs économiques à puiser en priorité dans leurs propres réserves en devises. «La réanimation de l'économie est une priorité. On ne voudrait pas effrayer les investisseurs. Il faut bien au contraire émettre un signal de confiance», a indiqué le gouverneur de la BCT. «Notre premier objectif a été la stabilisation du dinar», a-t-il rappelé. Cet objectif semble aujourd'hui atteint. Ce qui est, à cet égard, bien plus réconfortant, c'est le pragmatisme dont fait montre le gouverneur de la BCT et qui lui fait dire que, en regard de la médiocrité de la conjoncture et de son évolution dans les prochains mois, la vigilance reste de mise. De la constitution de réserve obligatoire Dans le cadre des mesures prises pour contenir la détérioration du déficit de la balance commerciale observée durant les neuf premiers mois de 2012, suite notamment à l'accélération des importations des biens de consommation, la BCT a invité les banques, par circulaire en date 4 octobre 2012, à constituer une réserve obligatoire additionnelle égale à 50 % de l'accroissement des crédits à la consommation et ce, par référence à l'encours enregistré à fin septembre 2012. Par circulaire en date du 23 mars 2013, la BCT a décidé d'assouplir cette mesure en ramenant le taux de la réserve obligatoire additionnelle de 50% à 30%, sachant qu'une amélioration du taux de couverture tel que publié par l'INS, défini comme étant le rapport entre les exportations et les importations des biens de consommation, a été observée au cours du premier trimestre 2013 en se situant à un niveau proche de la moyenne enregistrée durant la période 2000-2010, soit 110%. La BCT annonce que la réserve obligatoire additionnelle sur les crédits à la consommation sera supprimée dès que le taux de couverture trimestriel susvisé sera supérieur ou égal à 110 %. (Source : Communiqué de la BCT)