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Des représentants de la société civile quittent la salle Ugtt — Congrès de dialogue national - En guise de protestation contre le discours du président de la République provisoire
Dans son discours lors de l'ouverture des travaux du deuxième round du dialogue national initié par l'Ugtt, le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, a réagi à l'interdiction des étudiantes niqabées de passer les examens, s'étonnant de cette décision. Il a été hué par certains et un groupe de femmes démocrates ainsi que des représentants de la société civile ont quitté la salle dont la présidente de l'Association «Kolna Tounes», Emna M'nif. Autre protestation enregistrée, celle de Jawher Ben M'barek, coordinateur du réseau Doustourna, qui n'a pas apprécié la déclaration du président de la République provisoire portant sur le rôle de la société civile. Un dialogue ou une course électorale ? Le président de la République a déclaré : «Je ne peux ni comprendre ni accepter qu'on puisse interdire aux étudiantes niqabées de passer leurs examens...». Une déclaration que Emna M'nif a dénoncée en la qualifiant de manœuvre politique et de piétinement de la légitimité des conseils scientifiques universitaires. «C'est un discours populiste dont la portée n'est autre que de gagner en popularité, ce qui confirme qu'on est d'ores et déjà dans une course aux élections. Je me suis retirée suite à sa déclaration et son étonnement d'une décision légitime des conseils scientifiques que nous devons respecter au lieu de la remettre en cause juste pour gagner la sympathie d'un segment de la société. Il faut comprendre que le consensus autour des questions essentielles ne veut pas dire que nous devons plaire à tout le monde. Plaire à tout le monde veut dire que nous n'avons ni des principes ni une vision prospective. La classe politique doit clarifier l'identité des partis et leur positionnement aux gens pour qu'ils comprennent les différences d'orientation politique et autres de tous ces partis. Nous sommes face à des manipulations politiques et il faut dans l'urgence définir les lignes rouges sinon tout le monde va se permettre tous les moyens dans cette course électoraliste», a enchaîné M'nif. Elle a insisté sur le devoir de trouver un consensus autour des notions de «liberté» et «d'Etat de droit» avant tout. Tout en affirmant que l'initiative de la centrale syndicale est positive et porteuse d'espoir en vue d'un consensus national qui, même tardif, apporterait des solutions à la crise politique, économique et sociale que connaît le pays. «J'ai protesté contre la déclaration du président, car j'estime qu'il n'a de respect ni aux gens qui sont venus dialoguer, ni aux principes de dialogue. Il faut que les efforts nationaux soient orientés vers le sauvetage du pays sur les plans sécuritaire, économique et social. De même, on a une crise intellectuelle qui est perçue dans la fracture qui existe entre la classe politique, d'une part, le peuple et ses problèmes, d'autre part», a ajouté Emna M'nif. Sur un autre plan, elle a critiqué le projet de Constitution qu'elle a jugé «miné par d'autres pièges, outre le régime politique». «Nous constatons qu'il y a un bricolage politique pour plier cette phase transitoire pour atteindre la phase électorale avec tout ce qui semble se tramer dans les coulisses et les manœuvres politiques», a-t-elle conclu. Liberté de critique Pour sa part, Jawher Ben M'barek, coordinateur général du réseau Doustourna, a quitté, hier, la salle en guise de protestation contre le discours du président de la République. «J'ai quitté la salle suite à sa déclaration à propos de l'atteinte au prestige de l'Etat et des trois présidences. Il a indiqué que c'est un danger pour le pays. Je pense que son discours vise à restreindre la liberté de critique de ces institutions alors que c'est notre rôle légitime comme société civile. Notre apport est de relever le niveau des revendications. Ce discours nous rappelle celui où il nous a accusés de porter atteinte au Qatar, alors que le peuple tunisien ne porte atteinte à personne. Il a sa souveraineté et dans sa relation avec la présidence ou l'Assemblée nationale constituante ou toute autre instance. C'est lui la source de leur légitimité...», a expliqué Ben M'barek. Pour ce qui est du dialogue national, il a indiqué qu'il doit aboutir à des actions concrètes et sortir des généralités. «Quant à la lutte contre la violence, nous avons besoin d'une décision politique courageuse pour appliquer un gel des activités desdites ligues de protection de la révolution pour demander après leur dissolution par la voie de justice. Le terrorisme est un danger réel pour la Tunisie. Pour lutter contre ce phénomène, il faut passer par un diagnostic et une classification des organisations terroristes avant tout», a conclu Jawhar Ben M'barek. Evoquant le même sujet de la violence et du terrorisme, Mounir Kachoukh, du Front populaire, a critiqué «l'autosatisfaction» des trois présidents de la situation actuelle, indiquant que le Front travaillera avec les forces démocratiques et populaires pour défendre un processus visant la création d'un climat de stabilité sur tous les plans. Il a insisté sur la violence préméditée perpétrée par certaines organisations (les ligues de protection de la révolution). «Elles sont couvertes par le pouvoir et soutenues par le gouvernement et notamment Ennahdha. Il y a plusieurs indices qui laissent présager la falsification des prochaines élections. La violence, l'extrémisme et la neutralité des institutions de l'Etat sont les points essentiels à relever pour nous dans ce dialogue national», a conclu Kachoukh. Par ailleurs, le dialogue national a connu, hier, l'absence de représentants du mouvement Wafa ainsi que de l'ex-Premier ministre Hamadi Jebali. Le secrétaire général adjoint de la centrale syndicale, Sami Tahri, a affirmé que le mouvement Wafa n'a pas été invité tout comme plusieurs partis «d'orientation non démocratique» (Ansar Charia et autres partis islamiques). Alors que Wafa aurait refusé d'être présent, Tahri a souligné que les autres partis non invités «ne sont pas concernés par le processus démocratique».