AJ moins un du congrès d'Ansar Echariaâ: dispositif de sécurité exceptionnel, ambiance fébrile, arrestation d'un individu armé mais la population reste zen et confiante Malgré les problèmes de chômage, de pauvreté et de marginalisation de beaucoup de zones rurales, Kairouan a vécu la période post-révolution dans un calme relatif et ne s'est pas montrée rebelle face aux querelles idéologiques et au dilettantisme des uns et des autres. C'est que la population est connue pour être pacifique, moderne, patiente et attachée aux coutumes de ses ancêtres. Cela nous l'avons remarqué, une fois de plus, cette semaine avec la détermination des salafistes d'Ansar Echariaâ d'organiser, coûte que coûte, le 3e congrès de leur mouvement à Kairouan et les mesures de sécurité exceptionnelles prises par les ministères de l'Intérieur et de la Défense. En effet, malgré les contrôles des brigades mixtes au niveau des entrées principales de la ville, la présence de policiers dans tous les quartiers pour contrôler les pièces d'identité et tous les véhicules, sans oublier l'hélicoptère de l'armée qui survole toute la journée l'espace aérien kairouanais, la population reste zen et confiante d'autant plus qu'un grand nombre de partisans des salafistes venus à pied ou à moto d'autres gouvernorats ont été empêchés d'une manière pacifique d'accéder à la ville. D'ailleurs, les cours se déroulent normalement dans toutes les institutions éducatives et les cafés sont pleins de monde dont la plupart approuvent la décision du ministère de l'Intérieur d'interdire la tenue du forum d'Ansar Echariaââ et souhaitent qu'il n'y ait ni incident ni provocation. «Personne ne doit dicter son agenda à la communauté nationale, ni salafiste, ni progressiste. Et si dépassement il y a, la loi est au-dessus de tous...», nous confie un jeune avocat. Pour ce qui est des commerçants, ils auraient souhaité que les responsables de la mouvance salafiste aient demandé une autorisation pour la tenue de leur 3e congrès, dans le cadre des principes de la République : «Cela nous aurait permis, comme l'année dernière, de gagner en une seule journée, ce qu'on gagne en un mois», nous dit un épicier. Une ville sous haute surveillance Notons que d'importants renforts en hommes et en logistiques modernes ont prêté main-forte aux forces de sécurité et à l'armée opérant déjà sur place. En outre, d'importantes unités de la Protection civile ont été mobilisées. D'autre part, vendredi après-midi, des forces d'intervention spéciales, «les Tigres», sont intervenues à l'esplanade Bab Jalladine pour empêcher l'installation d'une tente de propagande idéologique du Parti Ettahrir et le rassemblement de ses sympathisants. Et dans la délégation de Haffouz, un dangereux suspect qui avait projeté d'attaquer les forces de l'ordre a été arrêté avec en sa possession deux pistolets, un revolver et 120 cartouches cachés chez lui. Notons que Wahid Toujani, directeur général de la sécurité publique au ministère de l'Intérieur, supervise en personne le dispositif sécuritaire en ville et dans ses alentours pour parer à toute éventualité. Il va sans dire que cette effervescence et le risque de confrontation entre les salafistes et les forces de l'ordre ont poussé les familles kairouanaises, enfin soulagées des braquages quotidiens, de s'approvisionner dans les souks en fruits, en viande, en légumes, en pain et en eau minérale. Quoi qu'il en soit, les citoyens qui retiennent leur souffle espèrent que personne ne cédera, aux éventuelles provocations, et ce, pour la bonne renommée d'une des plus belles villes tunisiennes où l'on respire avec le plus d'intensité la joie de vivre.