Les projets sont, loin de toute éloge, fort intéressants et surtout innovants pour une région, le Nord-Ouest, naturellement riche et paradoxalement paralysée par une pauvreté chronique. Dans le gouvernorat de Jendouba, le chômage dépasse 20%. Les enfants de la région ont des idées et elles méritent d'être connues. On parle de «Lézard vert», en référence au «Lézard rouge», ce train, vestige de temps anciens, retapé et réhabilité, qui sillonne les régions montagneuses et les plaines du Sud pour faire découvrir aux touristes les richesses du pays et ce, dans le cadre de la promotion du tourisme saharien. Le « lézard vert » est proposé pour la forêt d'Aïn Draham dans le but de promouvoir le tourisme écologique, le tourisme de santé, en un mot, le tourisme vert. Ce secteur méconnu et délaissé est un vivier de projets, petits et grands, capables de créer des dizaines de milliers d'emplois directs et indirects dans le secteur de l'artisanat et des services, de sortir des régions entières de la misère et de la marginalisation. Problème de concessions des domaines publics L'écotourisme ou tourisme vert est une option stratégique de développement régional non encore exploitée à bon escient, malgré les nombreuses et vaines tentatives du passé. Son impact direct : décentralisation des investissements vers les régions pauvres et vierges et création de pôles de productions (industrielle, agricole, culturelle) et de valorisation des richesses naturelles de ces régions renommées pour leurs bienfaits sur la santé et le bien-être. Sans oublier l'impact indirect sur le développement durable de ces régions et la préservation des droits des générations futures à un environnement viable. Le projet du «lézard vert», un exemple de partenariat public-privé, concerne 25 km de voie ferrée totalement abandonnés depuis plusieurs années, comportant trois gares en piteux état (Tabarka, Ras Errajel et Ouechtata). Le promoteur, M. Belgacem Ouchtati, membre de l'association régionale de la culture, du tourisme et du développement, évoque la création de 150 à 200 emplois directs et de 800 emplois indirects. A la gare de Tabarka, le projet prévoit un restaurant proposant de la gastronomie locale, un café culturel, un musée de la mémoire de la mer et des points de vente de produits artisanaux. Les deux autres gares, également, prévoient d'accueillir les visiteurs et les touristes dans un cadre authentique et accueillant. Selon M. Ouchtati, «les banques qui financent les PME et la BTS sont prêtes à financer les micro-projets, nous n'attendons que l'accord de l'Etat». Principal obstacle: concession des domaines publics, ici la voie ferrée. Un lourd dossier pour les pouvoirs publics et le bâton dans les roues des investisseurs et des promoteurs privés. Qu'est devenu le pôle technologique du Nord-Ouest ? Autre projet, autre opportunité de développement dans le Nord-Ouest: la ville universitaire à Béja. Le rêve de M. Tahar Ben Lakhdhar, ingénieur, universitaire, fondateur de l'école supérieure de formation d'ingénieurs «Esprit», des ISET et des instituts préparatoires en Tunisie. Un autre projet de partenariat public-privé dans un domaine à haute valeur ajoutée, la formation scientifique et technique d'ingénieurs. Capacité d'accueil : 20 mille étudiants. «Les investisseurs et les financements sont prêts, nous attendons l'aval de l'Etat», affirme M. Ben Lakhdhar. Deuxième balle dans le camp de l'Etat : céder ou non le site choisi par le promoteur : une colline surplombant la ville de Béja. Le troisième projet aurait dû exister depuis quelques années déjà : le pôle technologique du Nord-Ouest destiné initialement à la recherche scientifique pour la valorisation des produits forestiers. «Ce pôle a été détourné de sa mission première puis on n'en a plus entendu parler», précise M. Kamel Ayadi, ingénieur, consultant international et fondateur du Centre de réflexion stratégique pour le développement du Nord-Ouest. Selon M. Ayadi, le pôle en question est un acquis et cette structure publique mérite de revoir le jour dans l'intérêt du développement agricole de la région du Nord-Ouest. Ce ne sont là que quelques exemples de projets de développement régional, en l'occurrence dans la région du Nord-Ouest, dans lesquels le secteur privé est résolument engagé et qui illustrent bien la nouvelle orientation qui doit être donnée au développement de l'économie nationale pour sortir de l'impasse, à savoir le partenariat Etat-secteur privé. Il semble que les bonnes volontés, les idées et les projets, voire les investisseurs ne manquent pas, pourvu que la volonté politique soit également de mise et que l'administration publique se décide à prendre les bonnes décisions pour lever les obstacles et permettre à l'initiative privée, et, partant, à l'économie nationale, de prendre son envol.