Du nouveau au sein de la commission parlementaire de tri des candidats à l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie). Il a été décidé, hier, l'adoption d'une nouvelle grille d'évaluation des candidats sur la base de deux critères : l'ancienneté dans la spécialisation pour chaque corps de métiers et l'expérience dans le domaine de participation à la conduite ou à la gestion des processus électoraux. Les deux autres critères relatifs à l'âge des candidats et aux diplômes scientifiques dont ils devaient faire montre ont été éliminés. «Ces décisions, précise Fattoum Lassoued, constituante et membre de la commission de tri, ont été prises en application des recommandations du Tribunal administratif». L'appel aux candidatures ne sera pas ouvert de nouveau. «Les dossiers rejetés pour absence de diplômes seront réexaminés. Quant aux séances d'audition des candidats par la commission, elles ont été purement et simplement annulées. La liste des 36 candidats finalistes dont les noms seront proposés au vote des constituants en séance plénière (en vue d'élire les 9 membres du Conseil de direction de l'Isie) sera publiée dans le Journal officiel de la République tunisienne (Jort)». La même source ajoute encore: «La commission de tri tient aujourd'hui une réunion en vue d'examiner le texte final de la décision relative à la révision de la grille d'évaluation. Ce texte sera publié sur le site web de l'ANC». Les observateurs qui suivent de près les travaux de la commission de tri n'ont pas manqué de crier, dans leurs premières réactions, aux arrangements et ententes qui pourraient se tisser entre les membres de la commission pour choisir les candidats sur la base de leur appartenance politique. «Nous avons tout fait pour que l'Isie soit réellement neutre. Malheureusement, elle obéira au principe: Supportez mes candidats, je supporterai les vôtres», tient à préciser l'un de nos interlocuteurs. Réactions. Rafik Halouani (coordinateur général du réseau Mourakiboune) : «Supportez mes candidats, je supporterai les vôtres» Il est heureux que les décisions du Tribunal administratif aient été respectées par la commission. L'élimination du critère de l'âge est logique. Quant à l'annulation du critère des diplômes, il pose problème pour les Tunisiens à l'étranger qui n'appartiennent à aucun corps de métiers et on risque de nous retrouver avec un représentant des Tunisiens à l'étranger n'ayant pas de niveau d'instruction acceptable. D'autre part, l'élimination des séances d'audition privera les membres de la commission de mieux connaître les candidats. Je pense qu'on ne peut pas choisir un candidat seulement sur la base de son C.V. Cette décision risque de faire en sorte que le choix des candidats sera le fruit d'un arrangement à caractère politique, selon le principe: «Supportez mes candidats, je supporterai les vôtres». Malheureusement, c'est la loi qui le veut puisque le principe du choix des candidats finalistes par les membres de la commission ne pourra aboutir qu'à un arrangement entre les forces politiques représentées au sein de l'ANC. Ce qui compte pour nous, c'est qu'il ne faut pas qu'il y ait une partie qui exercerait son hégémonie sur l'Isie et qui en prendrait le contrôle. Kamel Gharbi (président de la coalition «Aoufiya pour l'intégrité des élections») : Une décision politique avec un habillage juridique Les recommandations exprimées par le Tribunal administratif et adoptées finalement par la commission parlementaire de tri des candidatures risquent de vider la grille d'évaluation de tout sens puisque les 36 finalistes seront choisis par la commission elle-même sans qu'ils aient l'opportunité d'être écoutés. Ça risque de poser de nouveau la question des quotas et d'encourager le recours aux arrangements ou accords à caractère partisan. A «Aoufiya», nous aurions préféré que la nouvelle échelle d'évaluation constitue l'élément déterminant dans la classification des candidats finalistes. Cette solution est purement politique dans l'objectif de faire accélérer la mise en place de l'Isie. L'habillage juridique de cette décision politique n'échappe à personne. Toutefois, je tiens à souligner qu'il est important que la commission parlementaire ait pris la décision de se conformer au jugement rendu par le Tribunal administratif.