Le projet de jumelage institutionnel entre la BCT et la Banque de France pour la mise en place d'un cadre moderne de politique monétaire fondé sur le ciblage de l'inflation et permettant d'assurer la stabilité des prix à travers le renforcement des capacités institutionnelles d'analyse et de prévision de la BCT a été lancé le 28 mai 2011, dans le but de consolider la coopération étroite avec les banques centrales européennes et d'accroître la transparence de la politique monétaire de l'institution. Financé par l'Union européenne à hauteur de 1.113.000 euros, le projet, qui s'est étalé sur une période de deux ans (mai 2011-mai 2013), avait pour objectifs d'établir un diagnostic des moyens existants à la BCT et d'évaluer le degré de conformité de l'économie tunisienne aux préalables requis en matière de ciblage de l'inflation. La phase de diagnostic a permis de formuler des recommandations visant la mise en place d'un dispositif d'analyse et de prévision (DAP) à la Direction générale de la politique monétaire et l'engagement de réformes structurelles nécessaires en faveur de l'économie nationale, outre la libéralisation progressive du taux de change, la modernisation et l'approfondissement des marchés monétaire et financier, l'assainissement du secteur bancaire et la réduction du poids des prix administrés. La clôture du projet de jumelage qui a été réalisé, dans le cadre du programme d'appui à l'accord d'association avec l'Union européenne, entre la BCT et la Banque de France, s'est déroulée hier en présence du gouverneur de la BCT M. Chedly Ayari, qui n'a pas manqué de rappeler que «la modernisation de la conduite de la politique monétaire constitue l'un des axes majeurs du programme de réformes à mettre en place au cours de la période à venir, en vue d'assurer dans les meilleures conditions la période de transition, de parachever le processus de libéralisation graduelle et progressive de l'économie tunisienne et de renforcer son intégration dans l'économie mondiale». Le ciblage de l'inflation: la solution à l'avenir Aux dires du gouverneur de la BCT, les résultats en matière de maîtrise des prix ont été globalement atteints, jusqu'à fin 2011, «puisque l'inflation a été contenue par le passé dans des limites acceptables, et les équilibres globaux préservés en dépit de la succession des chocs exogènes tels que l'envolée des prix des matières premières et la crise financière internationale, ou des chocs internes dont la révolution du 14 janvier 2011. Toutefois, cela demeure insuffisant par rapport à nos objectifs consistant à rendre la politique monétaire plus transparente, plus crédible et surtout plus efficace dans la maîtrise des prix et l'ancrage des anticipations inflationnistes chez les opérateurs économiques, surtout avec l'accentuation des pressions inflationnistes depuis 2012». Au cours des deux dernières années, une accélération des pressions inflationnistes a été observée, atteignant 6,2% durant les quatre premiers mois de 2013, «un stock de réserves qui n'est plus aussi confortable qu'auparavant et des déficits jumeaux qui ont désormais atteint des niveaux préoccupants. C'est pour ces raisons que la BCT a graduellement resserré sa politique monétaire en augmentant à deux reprises son taux directeur pour le porter à 3,5% en août 2012 et à 4% au terme du premier trimestre de 2013», ajoute M. Ayari. Le ciblage de l'inflation pourrait constituer une solution envisageable à l'avenir et sera le fondement même d'une politique monétaire proactive et anticipative. Durant les deux années de jumelage, «les missions d'expertise qui ont été effectuées par les experts des banques centrales européennes partenaires, ainsi que les visites d'étude effectuées par les cadres de la BCT à ces banques, nous ont permis de renforcer nos capacités techniques, de mieux comprendre les mécanismes de transmission monétaire en Tunisie et de développer une gamme diversifiée d'indicateurs et de modèles de prévision de l'inflation et de croissance utiles pour la conduite de la politique monétaire», poursuit le gouverneur de la BCT. En dépit des avancées réalisées, sur le chemin de l'adoption d'une telle stratégie, «il n'en demeure pas moins que des efforts restent encore à déployer. Il s'agit, en particulier, d'œuvrer pour développer et approfondir les marchés financiers, améliorer l'infrastructure statistique, libéraliser les prix et renforcer la politique monétaire et la politique budgétaire», ajoute M. Ayari. Mme Laura Baeza, chef de la délégation de l'Union européenne en Tunisie, a indiqué que la BCT dispose aujourd'hui d'un dispositif d'analyse et de prévision adapté aux objectifs fixés dans le projet de jumelage et qui concerne sa politique monétaire, ses outils statistiques, sa gestion des données et sa politique de communication. Le débat ouvert après la révolution en Tunisie entourant les causes, les conséquences et les remèdes à apporter à la hausse des pressions inflationnistes «illustre un nouvel état d'esprit et appelle à une formulation de politiques économiques plus réactives afin d'anticiper autant que possible les ajustements nécessaires au maintien de la stabilité macroéconomique. Les analyses approfondies des mécanismes de transmission de la politique monétaire ainsi que les instruments de prévision développés dans le cadre du projet de jumelage répondent à ces nouvelles exigences et devraient contribuer à crédibiliser les choix de la BCT». La BCT prévoit le lancement d'un second projet de jumelage portant sur les aspects opérationnels de mise en œuvre de la politique monétaire, notamment dans ses dimensions de gestion de la liquidité et de développement des marchés monétaires et interbancaires.