Le président de la République sera présent à la plénière de l'Assemblée constituante devant examiner la motion de censure appelée à le destituer. C'est officiel. La constituante Karima Souid, assesseure du président de l'ANC, chargée de l'information, l'a assuré hier. Les observateurs suivent avec intérêt les péripéties de ce feuilleton politique. Ils étaient quelque 79 constituants à signer la requête portant demande de destitution du président de la République. Certains se sont désistés entre-temps. Mais le quorum y est toujours avec 73 signatures. Karima Souid a affirmé qu'il a été décidé de préparer un rapport sur les modalités de présentation de la motion de censure en séance plénière. Peut-être que d'ici là, il y aura encore du nouveau. Les rapports entre les hautes instances de l'Etat provisoire sont en dents de scie. Elles résument les face-à-face navrants fondés sur des considérations par trop subjectivistes. Les récentes déclarations du président de la République concernant l'opposition ont attisé les braises de l'inimitié et des antagonismes. Elles témoignent de la dérive de la politique sur les pentes glissantes de l'animosité et des réactions épidermiques. En fait, les dangers guettent. Le spectre du vide institutionnel plane. La conjoncture n'est guère favorable au désordre institutionnel. Le dernier rapport du conseil d'administration de la Banque centrale indique que les clignotants a risquent de virer incessamment au rouge. Il faut dire que l'instabilité politique, doublée des désordres et menaces sécuritaires, en rajoute au marasme. Le politique grève fondamentalement l'économique. Le profond malaise social s'inscrit dans la sphère réactive. Aujourd'hui, il appartient à toutes les composantes de la classe politique de reconnaître l'étendue du blocage. Et de se remettre profondément en cause au besoin. La situation politique, économique et sociale est un tout indissociable. Nul n'est exempt de son pan de responsabilité dans le cours des choses. En fait, les expériences de la gestion du pouvoir tant en Turquie qu'au Maroc gagneraient à être mûrement réfléchies sous nos cieux. Elles attestent l'ouverture grandissante des gouvernants aux milieux d'affaires, principalement aux petites et moyennes entreprises. Ce qui n'est guère le cas chez nous. Les hommes d'affaires ne savent point à quel saint se vouer. Tant que la justice transitionnelle demeure un vœu, les brouillages perdureront. Des hommes d'affaires subissent les caprices et sautes d'humeur d'hommes politiques intéressés, malintentionnés ou véreux. L'économique stagne. Est incapable de voler de ses propres ailes. L'investissement se tasse. Les exportations en bavent. Les plus munis se contentent de thésauriser. Les indices économiques fondamentaux (inflation, cherté de la vie, accès au logement décent, réserves en devises, santé et bien-être) atteignent des seuils alarmants. C'est dire que plus les institutions de la République deviennent efficientes et au-dessus de la mêlée, plus l'économie suit et les rapports sociaux se corsent. Tout ce manège tient pour quelques considérations, non dites de surcroît. D'un côté, la transition bloquée institue un état bâtard de ni guerre ni paix. Une espèce de no man's land, terreau de l'irresponsabilité et des dérives institutionnelles. Et rien n'est pire qu'un provisoire qui dure. Tout y demeure inachevé, incomplet, en attente. Par ailleurs, les considérations électoralistes finissent un jour ou l'autre par devenir obsessionnelles. Et c'est le cas chez nous. Tous les protagonistes n'ont qu'une idée fixe : comment se faire réélire à moindres frais. Passe encore pour ceux qui sont dans l'opposition. Ceux qui tiennent le haut du pavé, en revanche, semblent troquer l'intérêt public contre les calculs de boutiquier. Avec cette toile de fond, le spectre de la motion de censure du président de la République n'est guère pour arranger les choses. L'intéressé fera face aux députés en plénière... Le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, sera présent à la séance plénière qui sera consacrée à l'examen de la motion de destitution le visant, selon Karima Souid, assesseure du président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), chargée de l'information. Dans une déclaration, hier, à l'agence TAP, à l'issue d'une réunion du bureau de l'ANC consacrée à l'examen de cette motion, Karima Souid a ajouté qu'«il a été décidé de préparer un rapport sur les modalités de présentation de la motion en séance plénière». Malgré le retrait de signatures des élus Hosni Badri et Chokri Arfaoui, le 15 mai, le quorum est encore atteint, à savoir 73 signatures, a précisé Karima Souid. Le 16 avril 2013, une motion de destitution visant le président Marzouki avait été déposée au bureau d'ordre de la présidence de l'ANC après avoir atteint 77 signatures. Le bureau de l'ANC a également examiné, lors de la même réunion, le planning de ses travaux.