Le gîte potentiel des moustiques est essentiellement un site d'eaux stagnantes. Si la mythologie grècque qualifiait les mouches de «déesses vengeresses» envoyées par Jupiter pour châtier l'Homme sur Terre, qu'aurait-elle pû attribuer comme image aux moustiques du troisième millénaire? Avec la pollution envahissante et la multitude des gîtes d'eau stagnante, ces petites bêtes, aux piqûres souvent redoutables sur la santé des adultes comme des enfants, constituent l'ennemi par excellence durant la saison caniculaire. Après la révolution, et avec la prolifération des actions polluantes et la nonchalance de bon nombre d'agents de propreté quant à leur mission, la crainte de devoir vivre avec le désagrément permanent des moustiques fait tressaillir les Tunisiens. Ceux qui vivent à proximité d'eaux stagnantes, notamment près des lacs, des oueds inactifs, des puits abandonnés, des caves inondées ou encore de simples flaques d'eaux que le soleil ne parvient toujours pas à évaporer, sont encore plus concernés par l'invasion des insectes suceurs de sang. Jadis, au mois de mai, des informations portant sur les campagnes de démoustication étaient diffusées aussitôt au grand public. Depuis deux ans, l'on a plutôt tendance à garder l'info pour soi, malgré l'intérêt palpable qu'accordent les Tunisiens à cette question. La direction de la propreté relevant de la municipalité de Tunis est allée jusqu'à nier son implication dans les éventuelles actions fournies généralement à cet effet. Soit. Le repérage des gîtes potentiels de moustiques, qui représente la première phase de la chaîne d'intervention, est assuré par la sous-direction de l'hygiène du milieu relevant de la direction de l'hygiène du milieu et de la protection de l'environnement au ministère de la Santé publique. L'idée étant, avant toute chose, de recenser tous les gîtes potentiels situés dans le territoire tunisien afin de les traiter chacun selon la technique la mieux adaptée qui se veut efficace et la moins nocive à l'environnement que possible. Cette année, le recensement desdits gîtes a été bel et bien effectué par la direction de l'hygiène du milieu. «Il est difficile d'énoncer un chiffre résumant tous les gîtes. Selon la liste exhaustive établie en mars 2013, la région de Radès compte, à elle seule, près de 1.900 regards d'eau pluviale grillagés. Il faut dire que la stagnation des eaux concerne toutes les régions sans exception. Dans le Grand-Tunis, par exemple, certaines localités sont prises en charge d'une manière périodique, et ce, en raison de l'importance de l'émergence des moustiques. C'est le cas de La Soukra et de Raoued; les deux extrémités qui déterminent le canal d'épuration des eaux du canal lot 4. Au Sud, à Kébili, à Tozeur et à Gabès, les sites d'irrigation favorisent souvent la moustication et nécessitent, par conséquent, des techniques respectant l'environnement des oasis», explique M. Jaber Taâboub, sous-directeur de l'hygiène du milieu. Les eaux stagnantes constituent le gîte des moustiques par excellence. C'est au fond des eaux inactives que ces petits insectes déposent leurs œufs. Une fois éclos, ces œufs donnent des larves qui évoluent en quatre temps pour se transformer en nymphes qui émergent, aussitôt, à la surface, se transforment en des moustiques prêtes à sucer du sang pour vivre. Faire face à ce phénomène pourtant naturel implique le recours à certaines techniques dont le curage, l'assainissement, le vidange, le comblement ainsi que le désherbage. L'objectif étant d'en finir avec les gîtes potentiels et non environnementaux. Pour ce qui est des eaux stagnantes indispensables à l'environnement comme les oueds inactifs, les lacs, etc., d'autres techniques plus intelligentes, car naturelles, permettent une démoustication, voire une délarvation garantie: il s'agit de la technique biologique et celle reposant sur l'utilisation de l'huile de paraffine. Les gambusies à l'attaque ! En effet, pour ce qui est de la technique biologique de lutte contre les moustiques, elle consiste en le recours aux poissons dits «gambusies» qui se nourrissent de larves de moustiques. Placés au fonds des lacs, ces poissons entravent donc l'évolution des larves en nymphes et éradient les moustiques. «Cette technique a été utilisée à Kébili où des regards d'eau pluviale ont été repérés ainsi qu'à Téboulba à Monastir», fait remarquer M. Taâboub. Par ailleurs, la déposition de l'huile de paraffine, notamment dans les puits, forme une couche imperméable à la surface de l'eau, empêchant ainsi la larve de respirer et la vouant à l'asphyxie. Il est à noter également que le recours à la démoustication par une technique chimique, notamment à travers l'utilisation des insecticides, s'avère être inéluctable dans bien de situations. «Les insecticides, comme nous le savons tous, ajoute M. Taâboub,ont un impact nocif sur la santé mais aussi sur l'environnement. A l'instar des pays respectant l'environnement, nous veillons toujours sur l'utilisation des produits les moins néfastes et tout aussi éfficaces. Cependant, la meilleure façon de faire face aux moustiques consiste en la sensibilisation des citoyens quant à l'impératif de lutter contre la stagnation des eaux. Un puits abandonné, une cave inondée, un regard d'eau pluviale non maintenu seraient des gîtes potentiels que l'on peut éviter», renchérit le responsable. Suite au recensement des gîtes potentiels de moustiques, la direction de l'hygiène du milieu informe les autorités concernées, notamment les gouvernorats, la direction générale des collectivités publiques locales au sein du ministère de l'Intérieur, l'Onas, les municipalités ainsi que la direction de l'hygiène urbaine, lesquelles seront disposées pour agir chacune selon ses méthodes d'intervention.