Les partis politiques tunisiens et les organisations font part de leurs réactions. Certains saluent le peuple égyptien pour avoir imposé sa volonté, d'autres dénoncent un coup d'Etat militaire Le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaâfar, a appelé le peuple égyptien au dialogue, à s'exprimer pacifiquement et à éviter l'effusion de sang. Il est important que la volonté du peuple égyptien se concrétise dans les plus brefs délais par l'organisation d'élections libres, a souligné, hier, le porte-parole du président de l'ANC, dans une déclaration à l'Agence TAP. Le président de l'ANC considère «qu'il est primordial, à des moments aussi décisifs, que le peuple égyptien ait le dernier mot, et qu'il évite l'effusion de sang afin de surmonter cette étape cruciale par le dialogue et l'expression pacifique». «Le peuple égyptien est en pleine phase de liberté d'expression et il est important que la volonté du peuple égyptien se concrétise par l'organisation d'élections libres dans les plus brefs délais», a-t-il dit. Ben Jaâfar, dont les propos sont rapportés par son porte-parole, estime que «La Tunisie et l'Egypte ne sont pas isolées l'une de l'autre mais, en Tunisie, le temps est au consensus par excellence». Il appelle «toutes les forces politiques et les autres forces vives du pays à réaliser un large consensus pour sortir de cette phase transitoire dans les meilleures conditions et mettre en place des institutions démocratiques permanentes». Morsi incarne la seule légitimité De son côté, le Mouvement Ennahdha a jugé, hier dans un communiqué, qu'«il n'y a qu'une seule légitimité en Egypte, incarnée uniquement par la président Mohamed Morsi, à l'exclusion de toute autre personne», déclarant rejeter ce qu'il qualifie de «coup d'Etat délibéré» contre «le premier président élu dans l'histoire de l'Egypte». Le mouvement Ennahdha considère encore que ce coup d'Etat «scelle la division du peuple égyptien et donne raison aux revendications d'une faction des Egyptiens au détriment d'une autre faction descendue sur les places publiques et les rues pour soutenir le président élu». Il condamne, par ailleurs, «les arrestations opérées parmi les dirigeants du Parti de la liberté et de la justice et du mouvement des Frères musulmans, demandant qu'ils soient immédiatement remis en liberté et marquant son indignation de la fermeture d'établissements de presse et de l'empêchement des journalistes à relater les faits. Le mouvement Ennahdha dénonce, en outre, «la contribution de figures religieuses, aussi bien islamiques que chrétiennes, à justifier le coup d'Etat», appelant au retour à la légitimité et s'étonnant de «l'aval donné par certaines formations politiques au coup de force contre la volonté populaire». Ennahdha invite enfin «les forces politiques démocratiques en Egypte à privilégier le consensus national, à s'en tenir à la voie de l'opposition pacifique et à bannir la violence comme moyen de recouvrer la légitimité». «Coup d'Etat militaire» Pour sa part, le Congrès pour la République a dénoncé hier un «coup d'Etat militaire contre le processus démocratique» en Egypte, qualifiant «l'acte du commandement de l'armée égyptienne» de «retour en arrière dans le processus de la révolution égyptienne» et de «tentative de rétablir l'ancien régime». Dans un communiqué, le CPR fait porter la responsabilité du «coup d'Etat» à la classe politique égyptienne, islamiste et laïque, aussi bien celle au pouvoir que dans l'opposition, pour son incapacité à trouver les compromis nécessaires pour dépasser la phase transitoire avec le plus de consensus national possible». Le parti, qui est une des trois composantes de la troïka au pouvoir, a dénoncé dans ce cadre «la connivence internationale et le mutisme des Nations unies» sur «le coup d'Etat», les tenant pour une atteinte à la souveraineté du peuple égyptien. Le CPR considère, par ailleurs, qu'il est du droit des Egyptiens de protester pacifiquement contre le pouvoir démocratiquement élu et du devoir de ce même pouvoir de répondre aux attentes du peuple, estimant que les mécanismes démocratiques doivent constituer l'ultime recours pour régler les différends entre les acteurs politiques. Le CPR a également dénoncé la campagne d'arrestations qualifiée de «méthodique» contre les politiques et les journalistes ayant rejeté la déclaration du commandement de l'armée égyptienne, imputant ainsi aux «putschistes» l'entière responsabilité de tout éventuel débordement. «Ce qui s'est passé en Egypte n'est pas un coup d'Etat, mais plutôt une correction de la trajectoire de la révolution», a estimé, hier, l'élu et porte-parole du parti «Al-Massar» Samir Taieb. «La coalition au pouvoir et plus particulièrement le Mouvement Ennahdha doit faire preuve de discernement pour éviter la reproduction du scénario égyptien en Tunisie», a-t-il déclaré à l'Agence TAP. «La Tunisie présente un certain nombre de symptômes ayant favorisé le déclenchement des récents évènements en Egypte, tels les nominations en fonction de l'allégeance partisane, la malversation et la corruption, ainsi que la domination des partis et l'engagement à changer le mode de vie des Tunisiens», a-t-il noté, appelant la Troïka, et plus particulièrement Ennahdha, à «faire prévaloir la légitimité du peuple sur celle de la majorité au pouvoir». Le peuple égyptien a imposé sa volonté Le bureau exécutif de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a adressé, de son côté, dans un communiqué publié, hier, ses félicitations au peuple égyptien suite à l'éviction par l'armée égyptienne du président Mohamed Morsi. L'Ugtt considère que le peuple égyptien a imposé sa légitimité et sa volonté grâce à sa détermination et la clarté de ses revendications. «C'est lui qui donne la légitimité et c'est lui qui la dénie chaque fois que le pouvoir en place feint d'oublier les objectifs de la révolution et les promesses électorales», ajoute le communiqué. Le bureau exécutif de l'Ugtt a, également, adressé ses salutations à l'armée égyptienne et aux forces de l'ordre qui ont défendu la volonté du peuple. L'Ugtt exprime sa satisfaction de voir s'écrouler un mode de gouvernance qui a dévié de ses objectifs, qui a fait de l'autocratie, du monopole et de la discorde un mécanisme de gouvernance et qui s'est servi des intérêts partisans pour accaparer le pouvoir et entraîner le pays dans un régime totalitaire, souligne encore le communiqué. L'Ugtt appelle les forces vives en Egypte à préserver l'aspect pacifique dans la lutte contre la dictature, à éviter au pays de sombrer dans la spirale de la violence et du terrorisme et à préserver l'unité de l'Egypte, tout en veillant à ce que l'armée demeure loin des tiraillements politiques. Le communiqué de l'organisation syndicale a, également, mis l'accent sur l'importance du compromis dans les périodes de transition afin de réussir la transition démocratique et réaliser les objectifs de la révolution, à savoir la liberté, le développement et la justice sociale de manière à jeter les bases d'un Etat démocratique et civil.