L'exposition «Slash» (/) réinvente le corps, opère une sorte d'immersion dans ses multiples articulations et devenir, fait dans l'allégorie, les sous-entendus, les dualités et la dichotomie. L'on extrapole sur le corps et autour du corps du côté de la galerie Gorgi, le corps sous toutes ses formes et dans tous ses états, s'offrant aux regards, mécanisé, désarticulé, androgyne, malmené, décuplé, masqué, dénudé ou encore caché. Il est présence/absence, mis à l'épreuve, mis à mal ou mis à nu mais plus que jamais là, ici et maintenant dans une exposition de groupe intitulée «slash» (/). Loin de la re-présentation romantique liée à la figure du corps, que l'on s'est habitué à rencontrer dans nos innombrables expositions sur le même thème, «Slash» réinvente le corps, opère une sorte d'immersion dans ses multiples articulations et devenir, fait dans l'allégorie, les sous-entendus, les dualités et la dichotomie. Ce sont les artistes du collectif «Politique» qui sont derrière ces multiples propositions. Ismaël, un jeune vidéaste et théoricien du groupe à qui l'on doit l'excellent documentaire «Babylone» (primé dans plusieurs festivals internationaux), expose sa série «Computers visions», le corps y est pris dans son quotidien, capturé dans des tangentes temporelles/intemporelles. Il est ombre, lumière, silhouette, forme flouée et troublée... Dans ses «Autoportraits», Ibrahim Matouss opère, comme il nous a habitués, sur la chaire de bois, la brûle et la soulage de ses copeaux, la creuse et la met à nu pour donner corps/formes à ses figures masquées, avec toujours cette cette dévorante mélancolie xylophage. Présent avec quatre œuvres, Nidhal Chamekh, désarticule et fragmente la nudité féminine, les corps sont androïdes avec des greffes mécaniques, avec des contours prononcés ou effacés. Ils disent le combat quotidien de la matière avec son univers. Maher Gnaoui et Atef Maâtallah nous offrent trois propositions à quatre mains : «Simple équation», «7,820 DT», «Miss Balaclava». Dans ce dernier tableau, la figure féminine cagoulée et mise dans un cadre fleuri exprime à souhait le déchirement que la femme contemporaine continue à vivre. Chez Ymène Chetouane qui expose trois travaux, le corps, en céramique, est soit présenté en métonymie et résumé dans une seule partie, soit se faisant unité, décuplé et reproduit à souhait, à qui l'on aurait enlevé un membre ou plus. La figure du bébé, très présente dans son œuvre, est ainsi figée et anonyme. Enfin, l'on ne peut passer outre les spéculations numériques de Belhassan Chtioui qui a choisi, également, la métonymie comme procédé pictural. L'exposition « Slash » (/) qui vient clôturer la saison artistique de la galerie vaut vraiment le détour.