Désormais, c'est sur la chaîne Al-Hiwar Ettounsi que les téléspectateurs pourront découvrir la production ramadanesque concoctée par «Cactus Prod». Les raisons on les connaît : Slim Riahi, l'homme d'affaires et le patron de Tunisia Holding propriétaire de la fréquence d'Ettounsia, a interrompu la diffusion des programmes de Cactus Production, société fondée par Sami Fehri, annonçant la diffusion d'un nouveau bouquet. En effet, samedi dernier, l'interruption intempestive de l'émission «Labes» a provoqué la surprise générale des téléspectateurs qui n'en revenaient pas de voir défiler sur l'écran ce message qui n'a fait qu'attiser leur étonnement du genre : «La direction de la chaîne Ettounssia annonce la diffusion d'un nouveau bouquet». Ce qui a été considéré par l'ensemble du personnel de la chaîne comme une manière de vouloir «tuer Cactus Production et causer sa faillite». Contacté, Moez Ben Gharbia, producteur et animateur, renchérit: «Interrompre la diffusion de nos programmes trois jours avant Ramadan et choisir, donc, ce timing n'est pas sans arrières pensées. Il existe, tout de même, d'autres procédés : des avertissements, par exemple. Car arrêter la diffusion de nos programmes à la veille de Ramadan constitue une perte sèche pour Cactus Prod». Mais Slim Riahi accuse Cactus Prod «de ne pas avoir réglé les sommes dues, soit 10% des revenus publicitaires, ainsi que de fraudes et autres malversations». Ce à quoi Moez Ben Gharbia répond : «Les sommes à payer ont été versées dès le 4 juillet dans l'attente d'une autorisation de la Banque centrale pour la conversion en devises». Concernant les malversations et fraudes, l'avocat de la chaîne et de Cactus Prod, Abdelaziz Essid, a précisé dans la conférence de presse, tenue hier par des membres de l'équipe d'Ettounssia, que «l'interruption de la diffusion des programmes est un acte unilatéral qui constitue une rupture de contrat entre la chaîne et la société de Slim Riahi. En outre, toutes les finances de Cactus-Prod sont soumises à l'aval de l'administration judiciaire, ce qui prouve que cette accusation est sans fondement aucun». Enfin, concernant le logo, Abdelaziz Essid précise qu'«il n'appartient pas à Slim Riahi mais à Sami Fehri. Les documents le prouvent». Pourtant Slim Riahi a affirmé précédemment qu'il en a fait également l'acquisition. Cactus Prod migre sur Al-Hiwar Ettounsi Trois plaintes ont été ainsi déposées contre Slim Riahi par l'avocat de Cactus Prod pour respectivement : «Interruption de contrat de manière impromptue, utilisation du logo de la chaîne et accusations non fondées de fraudes et malversations». Que faire donc ? Qu'en sera-t-il des programmes ramadanesques concoctés par Cactus Prod ? Moez Ben Gharbia évoque d'abord la solution à court terme: «Tahar Ben Hassine, le directeur et propriétaire de la chaîne Al-Hiwar Ettounsi, nous a prêté main-forte en accueillant nos programmes sur sa chaîne, et ce, de 17h00 à 00h00, heure à partir de laquelle seront programmées les rediffusions». Et à long terme ? Le producteur et animateur «d'Ettassiâ» réplique : «A la Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle, que nous avons sollicitée, de nous accorder une autorisation de diffusion». Qu'en dit la Haica ? Contactée, Mme Rachida Neifer, membre de la Haica, nous révèle que l'instance est en train de plancher sur le dossier. Et d'expliquer : «La société Cactus Prod a sollicité en 2011 une autorisation de diffusion de l'Inric (Instance nationale de la réforme de l'information et de la communication), mais le demandeur Sami Fehri étant l'objet de poursuites judiciaires, l'Instance a refusé l'accord de principe. Entre-temps, la société Cactus Prod a passé un accord avec une société étrangère basée aux Etats-Unis, Rainbow-Media-Tunisia, pour avoir le droit de diffuser sur les fréquences appartenant à cette société. Le contrat stipule qu'en contrepartie de ce droit à la diffusion, Cactus Prod verse 10% des recettes publicitaires. Il s'agit d'un contrat de bartering. Slim Riahi ayant racheté les fréquences et a exigé la modification des clauses du contrat pour augmenter le pourcentage des recettes publicitaires. Les deux parties ne s'étant pas entendues, le nouveau propriétaire des fréquences a interrompu la diffusion des programmes. Or, là se pose, dans ce cas, un problème d'urgence : comment trouver une solution en conciliant la nécessité de respecter les textes juridiques qui stipulent que toute autorisation ne peut être accordée que sur la base d'une convention et d'un cahier des charges élaboré par la Haica? Cette Instance qui vient d'entrer en exercice se doit de s'acquitter de cette tâche». Toutefois, poursuit Mme Rachida Neifer : «La Haica est consciente que cette affaire met en jeu le pluralisme du paysage audiovisuel, la protection des deniers publics, étant donné que l'Etat détient 51% de Cactus-Prod, ainsi que la sauvegarde des emplois, une centaine de techniciens et d'agents étant employés à la société. La Haica planche, donc, sur ce dossier pour contribuer à trouver une solution, dans les prochains jours, qui tienne compte des équations citées plus haut et de l'urgence de cette affaire».