L'Institut national du patrimoine vient de publier le tout récent numéro de la revue des études et recherches préhistoriques, antiques, islamiques et ethnographiques Africa XXIII. Plus qu'une revue anodine, il s'agit d'une œuvre de référence mettant en exergue le patrimoine commun des civilisations africaines tous azimuts. C'est sur ce vaste thème que des chercheurs tunisiens se sont penchés, puisant, chacun de son côté, dans un créneau de recherche bien déterminé. Dans le présent numéro Africa XXIII, l'accent a été mis sur les quatre principales étapes historiques de la Tunisie, à savoir la phase préhistorique, la phase punique, la phase romaine et ses différentes civilisations, ainsi que la phase islamique. La phase préhistorique a interpellé la chercheuse Rym Kéfi Ben Atig, maître-assistant universitaire à l'Institut Pasteur de Tunis, qui est revenue sur la découverte et les applications effectuées sur l'ADN ancien. La première analyse d'un ADN ancien a, en effet, été effectuée en 1984 «à partir d'un fragment de muscle desséché d'un quagga, une espèce proche du zèbre actuel, disparue depuis 1883», une analyse première qui avait permis de constater l'aspect compliqué d'un ADN «difficile à quantifier et à amplifier». Par ailleurs, l'analyse de l'ADN ancien a finalement mis le point sur la descendance de l'homme moderne. Le doute qui intriguait les scientifiques sur l'homme de Neandertal supposé être l'ancêtre de l'homme moderne a été écarté grâce à l'analyse de l'ADN et les caractéristiques morphologiques anatomiques entre ces deux hommes. S'intéressant aux civilisations puniques, Mme Alia Kraudel Ben Younès s'est interrogée, dans son exposé, sur l'identité des numides. Après de longues recherches, elle a fini par conclure : «Il s'agit bien d'une symbiose culturelle entre deux composantes, l'une libyenne très marquée vu la situation géographique en plein interland et l'une punique. Ces autochtones ont sans doute mis des siècles de contact pour évoluer au niveau de l'architecture, des rites et des croyances funéaires. Mais quel que soit le degré d'importance de ce produit culturel mixte, l'origine ethnique libyenne émerge à tout point de vue». De son côté, M. Habib Baklouti s'est intéressé, dans le cadre du volet consacré aux civilisations romaines, à l'étude archéologique des citernes dites d'Aïn Ed Doma à Dougga; une étude réalisée tout au long de trois ans et ayant nécessité trois campagnes de fouilles archéologiques. Quant à la civilisation islamique, elle a interpellé M. Mohamed Ghodhbane et Mme Sondes Gragueb Chatti, qui se sont intéressés respectivement à un probable atelier monétaire fatimide et de la céramique islamique de la citadelle byzantine de Ksar Lemsa.