Par Abdelhamid GMATI On a fêté, le 11 juillet, la «Journée mondiale de la population». Cette année, on s'est intéressé à travers le monde, à la santé des filles et plus particulièrement aux grossesses d'adolescentes. En Tunisie, en 2010-2011, le taux de natalité chez les adolescentes (entre 15 et 19 ans) était de 3 pour 1.000 c'est-à-dire qu'il a doublé en 5 ans (il se situait à 1,5 pour 1.000 en 2006). Cela pose, bien sûr, un problème de santé, mais il s'agit aussi du droit à la santé sexuelle et à la reproduction qui devrait être garantis par des textes. «Chaque femme, chaque fille, est un être humain unique et précieux qui a droit de jouir de chances égales et des droits de la personne universellement reconnus, où qu'elle soit née et où qu'elle vive. Le moment est venu de redoubler d'efforts pour placer l'égalité entre les sexes au sommet de l'agenda international de la paix et du développement». Cette déclaration de la directrice exécutive de l'Unfpa vient rappeler à nos constituants l'objectif de cette Journée qui est «d'attirer l'attention sur l'urgence et l'importance des questions de population notamment dans le cadre des plans et programmes généraux de développement». Ceci est d'autant plus urgent en Tunisie que la proportion des enfants et des jeunes est importante et qu'on doit tenir compte de leur développement notamment aux niveaux de la santé et de l'éducation. Mais à voir ce qui se passe à l'Assemblée et auprès des gouvernants, la population ne retient pas beaucoup l'attention. La Journée mondiale est pratiquement passée inaperçue. Faut-il croire que les 10 millions 773.500 Tunisiens recensés en 2012 ne comptent pas ? Une autre Journée importante – nationale celle là- s'annonce. Le 25 juillet, on fêtera le 56e anniversaire de la proclamation de la République, qui en destituant le Bey, a restitué la souveraineté au peuple. Sera-t-elle traitée comme on l'a fait pour l'Indépendance, le 20 mars dernier ? Ou y aura-t-il une réédition du scénario de l'an dernier ? On avait célébré la République avec trois présidents. Fait unique. Et cela s'était fait dans une enceinte close, en catimini. Qu'est ce qu'une célébration — qui est synonyme de fête — sans la présence du public ? Et c'est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit de célébrer la souveraineté du peuple. Quelques discours lénifiants, en langue de bois, et quelques drapeaux sur quelques artères, ne font pas une fête. Il n'y a qu'à regarder ailleurs, près de nous et tout récemment, pour en avoir une idée. Un certain nombre de nos gouvernants se sont rendus à la résidence de l'ambassadeur de France à l'occasion du 14 juillet et marquer nos bonnes relations avec ce pays. Ils ont aussi participé aux fêtes d'autres pays, certains allant jusqu'à arborer les drapeaux de ces pays. Soit. Mais ne devrait-on pas être fier de notre République et la fêter comme il se doit avec des festivités dans toutes les régions, toutes les agglomérations. Ben Ali, dans sa paranoïa sécuritaire avait éliminé les défilés (ils ne sont pas nécessairement militaires) et restreint l'aura de la fête. Il y a, cependant, certains qui y pensent. Un regroupement d'associations de défense des droits humains, des mouvements de jeunes et d'artistes réunis en une «coordination pour la défense des valeurs de la République», lance une campagne, à l'occasion du 56e anniversaire de la proclamation de la République, pour sensibiliser les citoyens aux valeurs de la «République civile et solidaire», avec un objectif de voir le drapeau tunisien flotter dans toutes les régions du pays sur les édifices publics et même privés. On veut sensibiliser les Tunisiens à «l'unité nationale, à la solidarité sociale, au respect de la liberté, de l'égalité de la solidarité et du partage sans conditions des droits universels». Une exposition et un clip seront présentés le 24 juillet à la Bibliothèque nationale. Pendant que des représentants de la société civile prennent des initiatives nationales, un député d'Ennahdha propose de changer le drapeau national, pour lequel des générations de Tunisiens ont combattu et se sont sacrifiés, en lui accolant la profession de foi islamique. En même temps, un Tunisien, Anis Tabka, a planté le drapeau tunisien au sommet du Mont Mc Kinley (Denali) situé dans l'Alaska Range à 6194 mètres d'altitude, l'un des monts les plus difficiles à escalader à cause de son climat extrême et de sa situation géographique arctique. Il faut dire que Anis Tabka n'en est pas à son premier exploit. En mai 2013, il avait déjà réalisé un exploit en devenant le premier alpiniste tunisien à gravir le mont Aconcagua en Argentine (2e plus haut sommet après le mont Everest). Y aurait-il des Tunisiens plus tunisiens que d'autres ? Il faut le croire.