Il n'y aura pas d'amendement des textes réprimant plus sévèrement les fameuses déclarations à chaud. Dans la foulée de l'électrique fin du championnat précédent, d'aucuns ont invité à réprimer avec la plus grande sévérité ce fléau. On mettait en relief les retombées de ces écarts langagiers et du surcroît de tension que les clubs mettent à l'atmosphère générale de la compétition sur fond de fragilisation du secteur arbitral. Deux sorties médiatiques ont marqué les esprits au milieu de la transe du play-off du mois de mai dernier: «Le championnat de la honte», sur la bouche du président du CSS, et «les murs de Radès qui gémissent encore», formule prononcée par le président de la section de football de l'EST. Car ces déclarations s'attaquent prioritairement, presque exclusivement aux hommes en noir. Peut-on neutraliser efficacement le fléau en durcissant le barème disciplinaire ? La fédération a renoncé à le faire, et ne présentera pas de proposition dans ce sens lors de l'assemblée générale du 28 juillet à Hammamet. Pas d'angélisme, donc d'autant que les déclarations à chaud peuvent donner lieu au jeu des interprétations, sinon purement et simplement aux démentis si elles sont habilement glissées dans la presse écrite, par exemple. De plus, la polémique fait partie du jeu un peu partout dans le monde, mais nous avons pris le mauvais réflexe de parler de déclarations à chaud pour trouver un semblant de justification aux emportements les plus inadmissibles et au martyre des hommes en noir et aux outrages qu'ils essuient chaque dimanche. Un des gadgets imaginé par le peu de retenue des dirigeants, entraîneurs ou même joueurs qui tirent à boulets rouges sur l'arbitre: voilà ce qui est communément répertorié «déclarations à chaud». Lesquelles déclarations ont paradoxalement généré des bénéfices la saison passée. En effet, plus on vitupère, se plaint, menace et pointe du doigt, mieux on est servi dans la rencontre d'après. De la désignation arbitrale jusqu'à la direction du match, on tire des dividendes. Subrepticement, l'arbitre donne un coup de pouce dès la rencontre suivante. Voilà le véritable danger qui a fait que la quasi-totalité des clubs engagés au play-off s'étaient livrés à ce sport: criez de plus en plus fort, pleurnichez s'il le faut, et vous êtes certains d'être d'une façon ou d'une autre avantagés dans le futur immédiat. Arbitres récusés et fragilisés L'objectif de décrispation du climat général et du respect mutuel entre toutes les parties prenantes tient d'abord d'un état d'esprit et d'une certaine culture de la compétition sportive. Il y aura toujours un président de club ou un simple membre de bureau pour exprimer sa colère ou pour tenter de mettre la pression sur l'arbitre du match suivant. Ce conditionnement a fonctionné à fond la saison passée à tel point que l'on finit par rivaliser d'agressivité de ton et de fractures langagières. Le remède ? Continuer à sévir contre le fléau, mais en même temps rester inflexible et soutenir à fond les arbitres (sauf ceux qui se révèlent de mauvaise foi). A-t-on idée d'une commission fédérale qui, croyant satisfaire tel club ou tel autre, trouve normal qu'ils établissent une liste d'arbitres récusés et leur donne satisfaction dès qu'ils demandent à changer d'arbitre désigné ? On sait que de ce pas-là, on n'en sort plus. La direction nationale d'arbitrage s'était même retrouvée à un moment du play-off, entre arbitres récusés et d'autres suspendus dans l'impossibilité de trouver un referee bon pour le service. C'est par le truchement d'un pouvoir fédéral fort et intransigeant s'il le faut que passe l'opération de «salubrité publique», si l'on peut s'exprimer ainsi consistant à enrayer le fléau des déclarations incendiaires et des procès d'intention. Enfin, il faut vraiment un brin d'inconscience pour croire que le fardeau sera jugulé par le seul effet répressif des suspensions les plus sévères et des amendes salées. Ce climat de défiance se nourrit en fait des concessions, faiblesses et hésitations des instances. Et c'est là où le bât blesse.