Khaled a chanté sous la pluie. Et, comme toujours, le public de Carthage connaît, par cœur, toutes les chansons Sacrés Tunisiens! Qu'il pleuve ou qu'il vente, ils continuent à danser. Comment font-ils pour être heureux, malgré tout? «C'est la vie!», dirait Khaled, dans son dernier album vendu à un million d'exemplaires sur le marché européen, après seulement deux mois de son édition. «On doit s'aimer, on doit danser» n'est pas qu'un refrain, c'est un message de tolérance, d'amour et de paix, reçu cinq sur cinq par le public de samedi dernier au Festival international de Carthage. Le théâtre romain était plein à craquer. Ils sont même venus d'Alger avec leurs drapeaux et leurs appareils photo, pour applaudir le roi du raï, qui était au mieux de sa forme. Rappelons qu'avant de devenir une star internationale, Khaled, qui se faisait appeler «Cheb» à l'époque, avait fait ses premiers pas sur les scènes de Carthage et de Hammamet. Il a tout de suite accroché avec sa voix grave, et ses chansons de raï revisité et auquel il a introduit des instruments occidentaux tels que la basse, la guitare, le synthétiseur et le saxophone. Après un premier prix, en 1985, au Festival d'Oran, Khaled a émigré en France où il a su imposer sa musique. Réussite phénoménale, 46 millions d'albums vendus à travers le monde, surtout après «Didi», premier grand succès du raï. Ce tube a encore fait le bonheur du public de la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde de la Fifa 2010 en Afrique du Sud. «C'est La Vie» est le premier album de Khaled après une pause de cinq ans, à compter de l'enregistrement lors des élections présidentielles en France et le printemps arabe. Samedi, en plus de ses nouvelles chansons que les spectateurs de Carthage semblaient connaître par cœur, Khaled a chanté tous ses grands tubes. «Aicha», «Sahra», «Wahran», «Bakhta», «Didi» et d'autres titres ont fait vibrer les gradins, malgré la pluie qui s'est annoncée à l'ouverture du spectacle. Les techniciens du festival, très organisés, ont pris leurs précautions, dès les premières gouttes. Ils ont couvert tout le matériel des musiciens et mis en place des parasols. Mais lorsque Khaled a entamé «Aicha», la chanson de la fin, il a recommencé à pleuvoir de plus en plus fort. Il en faut, peut-être, beaucoup plus qu'une pluie d'automne au bon milieu de l'été, pour décourager les Tunisiens et leurs voisins qui n'ont que l'amour en partage.