Avec ses 28.000 artisans opérant dans différentes spécialités (tissage, broderie, damasquinage, pâtisserie, argenterie, cuivre, bois, cuir, ferronnerie d'art), Kairouan est réputée pour son artisanat authentique. Et parmi les articles prisés par les nombreux hôtes de la capitale aghlabide figurent les makroudhs, le pain sinya, les tapis, les récipients en cuivre et les fameuses kessas (gants de toilette) bien connues des habitués du hammam, tissées à la main à partir de poils de dromadaire ou de chèvre et qui ne retrécissent pas. Am Ameur Ben Saïd Ayed fait partie des artisans qui se sont spécialisés d'abord dans la confection puis dans la broderie des kessas. Malgré son âge avancé, il fait toujours preuve d'un dynamisme extraordinaire et sait vanter la qualité de sa marchandise en silence, par la simple image de sa bonne mine. D'ailleurs, sa modeste boutique, située au souk Jraba, connaît du succès et draine chaque jour beaucoup de clients, surtout de futures mariées désireuses d'orner leurs trousseaux avec de jolies kessas brodées avec du fil de coton de couleur rouge, bleue, rose, mauve et verte. «La plupart de mes motifs sont inspirés de la Grande mosquée et du tapis kairouanais. Certains clients me demandent de broder leur nom et celui de leur conjoint. Lorsque je suis bien inspiré et de bonne humeur, il m'arrive de faire des motifs où toutes les ressources de mon imagination sont mises en jeu. En outre, je préfère travailler seul pour mieux me concentrer; sans oublier que, la main-d'œuvre est de plus en plus chère. En fait, je suis fier de perpétuer une tradition qui se transmet au fil des générations...».