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«Quand la transparence est assurée, il y a peu de chance pour que la corruption émerge» ENTRETIEN AVEC FRANCIS MAUDE, MINISTRE DELEGUE AUPRES DU PREMIER MINISTRE BRITANNIQUE
En visite en Tunisie, Francis Maude, ministre délégué auprès du Premier ministre britannique chargé de la transparence gouvernementale et de la réforme du secteur public a bien voulu accorder un interview à La Presse. Il explique notamment que la Tunisie est proche de l'adhésion au «Partenariat Open Gov». Le ministre britannique semblait cependant méconnaître les dossiers tunisiens, comme celui de la restitution des avoirs du président déchu, laissant ainsi répondre à sa place Fiona Rumney, responsable des affaires politiques à l'ambassade britannique en Tunisie. Monsieur le ministre, vous avez eu lors de votre visite des rencontres avec des officiels tunisiens, sur quoi ont porté ces entretiens ? J'ai effectivement rencontré plusieurs responsables tunisiens dont le Premier ministre, et le sujet principal des discussions a été la réforme et la transparence. La Grande Bretagne mène le «Partenariat Open Gov» (POG) qui a été formé deux ans plutôt avec 60 Etats membres qui travaillent en étroite collaboration avec la société civile pour promouvoir la transparence et l'open gov. Le gouvernement tunisien a demandé à adhérer au Partenariat et je peux vous dire qu'il est tout près d'y adhérer. Je suis donc ici pour discuter avec des ministres du gouvernement des chances d'adhésion au POG et pour discuter avec des membres de la société civile. Je pense que le rôle de la société civile est important pour impulser les réformes et développer la transparence. Que peut faire la Grande Bretagne pour la Tunisie en matière de transparence financière et de lutte contre la corruption ? Vous êtes également porteur de trois projets pour la Tunisie, pouvez-vous nous en dire plus ? Chaque pays qui rejoint le POG a des priorités. Pour le gouvernement tunisien, je pense que la transparence constitue un élément essentiel pour la lutte contre la corruption, en termes d'achats publics à travers la mise en place d'une plateforme électronique sur internet que ce soit en ce qui concerne les contrats d'offres ou d'achats publics qui deviendront beaucoup plus transparents que ce qu'ils étaient avant. Il y a donc eu beaucoup de choses qui sont en train d'être faites, et nous remarquons qu'il y a un désir compréhensible pour la société civile d'aller plus vite dans ces réformes. Existe-t-il des biens mal acquis par le président déchu et sa famille en Grande Bretagne et si oui, où en sont les procédures de restitution ? (réponse de Fiona Rumney) Quand la révolution s'est produite en Tunisie, nous avons été un des premiers pays à appliquer les sanctions nécessaires en gelant les avoirs du président déchu, en accord avec la loi internationale. Mais aussi, nous avons décidé de travailler dur avec la Tunisie et avec un certain nombre de pays de la région pour essayer de restituer les avoirs, pas seulement en Grande Bretagne mais aussi à travers le monde. Nous soutenons le "Arab Forum on Aasset Recovering" (le Forum arabe pour la restitution des avoirs) qui a le mérite de réunir les pays en transition. De plus, nous soutenons les responsables de la restitution dans ces pays, en les aidant à mieux apprivoiser le cadre juridique pour qu'ils aient plus d'outils à leur disposition. Par exemple, les responsables tunisiens ont participé à ce type de sessions à Charm Cheikh, à Doha et participeront également à la troisième session qui se déroulera en Angleterre en septembre. Bien évidemment, la société civile sera également présente. Quels sont selon vous les outils (juridiques, structurels, humains et financiers...) appropriés pour une lutte efficace contre la corruption ? La transparence est l'outil le plus important, c'est d'ailleurs une des conditions pour rejoindre le POG, j'ajouterai à cela la liberté de la presse, le droit d'accès à l'information et la transparence du budget de l'Etat. Quand la transparence est assurée, il y a peu de chance pour que la corruption émerge, mais il est nécessaire aussi d'assurer la protection nécessaire pour protéger les dénonciateurs de la corruption, ce qui n'est pas toujours le cas. Parallèlement, il faudrait sensibiliser les citoyens et leurs expliquer que dénoncer la corruption fait partie de leurs devoirs. Il y a eu récemment des scandales financiers en Grande Bretagne, alors, suffit-il d'avoir un ministre chargé de la transparence pour garantir la bonne gouvernance sur le plan financier ? Vous ne pouvez pas tout faire avec les lois, et encore une fois, la transparence est un outil primordial. Bien évidemment, le risque zéro n'existe pas, vous pouvez seulement réduire au maximum les chances que cela se produise. Le mot de la fin M. le ministre Dans chaque gouvernement que j'ai observé ou dont j'ai fait partie, il y a toujours eu des réformateurs qui veulent changer les choses et les voir progresser et il y a ceux qui résistent au changement. Alors il est très important que le public, les médias et la société civile soutiennent ceux qui veulent réformer et dans le même temps continuent à exercer une pression pour accomplir plus de réformes. Je pense que la Tunisie a accompli pendant les deux dernières années des choses très difficiles et il y a eu des progrès. Il reste toutefois beaucoup à faire en matière de transparence notamment. L'adhésion au POG n'est pas un aboutissement, car les pays membres sont appelés à publier un plan d'action pour plus de transparence et prouver que le pays cherche à progresser. Vous n'atteignez jamais la fin de route, vous essayez seulement de vous en approcher.