40% des étudiants Britanniques considèrent l'attaque du 7 Octobre comme Résistance    Quelle est l'orientation future du dollar?    Météo : orages et pluies éparses attendus aujourd'hui    Tunisie – Les banques disposées à contribuer au financement d'initiatives éducatives    Affrontements entre milices armées à Ezzaouia en Libye    Tunisie – Arrestation de six takfiristes recherchés    Tunisie – Siliana : La pluie et la grêle occasionnent des dégâts dans les plantations    Tunisie – Sfax : Quatre cadavres de migrants repêchés    Finale aller | Espérance de Tunis vs Al Ahly : Match nul 0-0    Tunisie – METEO : Pluies orageuses sur le nord    Sénégal : Vers une réforme monétaire et une éventuelle sortie du franc CFA    Anas Hmaidi : personne n'est à l'abri de la tyrannie du pouvoir    Soirée de Finale à Radès : les Onze de l'Espérance et d'Al Ahly dévoilés    Violents affrontements dans la ville de Zawiya dans l'ouest libyen    Najla Abrougui (ISIE): la tenue de l'élection présidentielle ne devrait dépasser le 23 octobre 2024 selon les délais constitutionnels    Match EST vs Al Ahly : où regarder la finale aller de la ligue des champions samedi 18 mai ?    Migration illégale : 23 disparus en mer, recherches intensifiées    Henri d'Aragon, porte-parole de l'Ambassade de France en Tunisie: Allez l'Espérance !    Bassem Trifi : l'Etat et ses appareils ont dépassé toutes les limites    USA : Un financement à hauteur de 35 millions de dollars pour soutenir le secteur des dattes en Tunisie    Le taux d'inflation annuel stable à 2,4% dans la zone euro    Tunisie Météo : pluies et hausse légère des températures    Kaïs Saïed : la réforme du système des chèques a pris beaucoup de temps !    Justice : 12 prévenus renvoyés devant le tribunal    Ministère du Tourisme-Ministère de l'Emploi : Près de 2.700 offres d'emploi confirmées dans plusieurs régions    Projet d'interconnexion électrique «Elmed» Tunisie-Italie : Pour réduire la dépendance énergétique de la tunisie    Compter sur soi, ça rapporte    Maisons des jeunes : Nos jeunes méritent le meilleur    DECES : Docteur Abdelfatteh MRABET    Ligue des champions | Finale aller – EST-Al Ahly (Ce soir à Radès – 20h00) : Avec les meilleurs atouts en main !    1ère édition des journées internationales du Médicament générique et du Biosimilaire : Pour un meilleur accès aux médicaments génériques    Galerie d'Art Mooja : Un nouveau souffle artistique à Mutuelleville    Dattes tunisiennes: 717,7 millions de dinars de recettes d'exportation à fin avril    Symposium international 'Comment va le monde? Penser la transition' à Beit al-Hikma    CA : 5 billets par supporter pour le derby tunisien    Rencontre avec les lauréats des prix Comar d'Or 2024    Hechmi Marzouk expose 'Genèse Sculpturale' à la galerie Saladin du 18 mai au 23 juin 2024    Exposition «punctum» de Faycel Mejri à la Galerie d'art Alexandre-Roubtzoff: L'art de capturer l'éphémère    Ce samedi, l'accès aux sites, monuments et musées sera gratuit    Raoua Tlili brille aux championnats du monde paralympiques    Le Mondial féminin 2027 attribué au Brésil    Industrie du cinéma : une affaire de tous les professionnels    Mokhtar Latiri: L'ingénieur et le photographe    La croissance n'est pas au rendez-vous    Palestine : la Tunisie s'oppose aux frontières de 1967 et à la solution à deux Etats    76e anniversaire de la Nakba : La Tunisie célèbre la résistance du peuple palestinien    Nakba 1948, Nakba 2024 : Amnesty International dénonce la répétition de l'histoire    Urgent : Une secousse sismique secoue le sud-ouest de la Tunisie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



De la résistance populaire
Révolution et vidéo
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 08 - 2013

Voilà que cette scène devient de plus en plus une mise en scène, une chorégraphie pour les bras qui s'agitent en chorale, un théâtre pour l'expression de l'audace et la colère populaires, un opéra pour le refrain le plus légendaire : «dégage».
A chaque moment fort de la révolution tunisienne, le public s'est retrouvé face aux images de tel événement ou de tel autre; des images en mouvement et d'un format précis : la vidéo. Une des plus célèbres séquences, qui se renouvelle sans cesse, de l'avenue Bourguiba au Bardo, en passant par La Kasbah -pour n'en rester qu'à Tunis- est celle où la foule crie «dégage».
Quel rôle pour les vidéos d'«amateur» ?
Muni de son appareil, le public qui assiste aux manifestations, qui participe au soulèvement, prend en même temps part à la diffusion des images y afférentes, derrière l'objectif de sa caméra. S'agit-il de création? Le citoyen ne filme-t-il pas les situations de son propre point de vue? On parlera parfois même de mise en scène, concernant certaines séquences... Ou bien est-il question de journalisme citoyen, où l'individu passe du rôle de récepteur à celui de diffuseur à part entière? Même s'il n'est pas ici question de classer tel auteur dans une catégorie déterminée, nous pencherions pour cette deuxième supposition.
Converti en auteur/consommateur potentiel d'images, le peuple tunisien assiste aux événements sur son écran de téléphone, son appareil photo, comme devant l'interface de son ordinateur. La révolution tunisienne n'a-t-elle pas été portée au monde pour s'être appuyée sur les nouvelles technologies, les nouvelles images, notamment postées sur les réseaux sociaux et les sites Web de l'Information ? Aussi, peut-on sereinement avancer qu'une des armes du soulèvement en Tunisie a, justement, été le dispositif de la vidéo. De même, le peuple tunisien a pu voir et revoir des images d'actualité, devenues des plus célèbres. C'est comme si, à effet inverse, les vidéos anonymes s'étaient «officialisées» en étant sélectionnées, puis diffusées sur antenne. C'est là qu'on peut parler de contribution journalistique citoyenne, un procédé médiatique contemporain, qui autorise tout un chacun à contribuer à l'Information avec, certes, le risque de trucage de certaines images. Des séquences filmées ont même inspiré des cinéastes, qui ont monté des films puisant dans le direct et grâce au recours à la caméra épaule, en usage dans ces séquences. A chaque fois, des scènes et des sons «impersonnels» auraient pu passer inaperçus dans le flux des images que l'on ne cesse de voir. Qu'ont-ils de si particulier pour rester dans la mémoire collective? Cela tient-il uniquement du fait qu'ils participent à une lutte que mène le peuple pour son émancipation la plus complète ?
Quelles images retient-on ?
La photojournaliste et sociologue de l'image, Gisèle Freund, affirme que «c'est toujours l'image fixe et non l'image en mouvement qui demeure gravée dans l'esprit, devenant à tout jamais une part de notre mémoire collective». Mais cela semble nuancé si l'on pense à certains exemples d'images animées, telle la célèbre séquence filmée face au ministère de l'Intérieur le 14 janvier 2011. Il suffit de mentionner cette scène pour que chaque individu, ayant connaissance de la révolution tunisienne, se souvienne de son contenu. Quel souvenir cela nous invoque-t-il, en tant qu'«image dans notre tête», comme le disait le critique Serge Daney? Une caméra placée à hauteur d'homme filme le peuple de dos, de face, ou de profil, pointant en arrière-plan le ministère de l'Intérieur. Nul n'oublie les mains tremblantes qui ont manifesté le ras-le-bol (et qui l'ont filmé), le fourmillement des femmes présentes parmi les hommes, le son du chœur criant de toute ses forces : «dégage!». Voici les images de notre imaginaire, des (les) plus célèbres de la révolution. On ne retient pas une image fixe cette fois-ci, mais des bras en mouvement, et surtout un son, un cri, un ordre donné par le peuple sur un ton des plus aigris, un symbole de la liberté qui (a) fait frissonner les millions qui l'ont visionné.
Cela était il y a maintenant plus de deux ans, et voilà que cette scène devient de plus en plus une mise en scène, une chorégraphie pour les bras qui s'agitent en chorale, un théâtre pour l'expression de l'audace et la colère populaires, un opéra pour le refrain le plus légendaire : «dégage».
Un cliché de la révolution tunisienne
Ce qui a menacé cet acte de résistance depuis son avènement, c'est le risque de sombrer dans le cliché. En art, le cliché est un outil à dépasser pour aller au cœur de telle quête ou de telle autre. L'art peut se servir, à juste titre, du stéréotype pour mieux le dépasser. Parmi les images issues de la révolte tunisienne, on pourrait évoquer le cliché du martyr ensanglanté montré de face et superposé aux musiques les plus tristes. Il peut s'agir de la sublimation de l'être-héros auquel on associe la révolution dans son intégralité, comme ce fut le cas de Bouazizi au début du soulèvement. Mais pour revenir à notre exemple, la vidéo «dégage», cet assemblement de la masse n'est-il pas devenu le stéréotype de la Révolution du jasmin, de sorte qu'à chaque événement, l'on ne résiste pas à le reproduire, tel un chanteur en concert qui s'impatiente de chanter son titre phare? Quand on vous dit que le peuple tunisien est amateur d'art, lorsqu'il n'est pas artiste !
L'on se demande, alors, pourquoi nous cherchons à multiplier cette chorégraphie populaire, de moins en moins improvisée. N'est-ce pas-là la preuve d'une soif, d'un certain épuisement, qui voudraient que cette mise en scène, ce cri de détresse, «dégage», devienne le coup de baguette magique pour faire disparaître les grands méchants loups!


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.