Mohamed Ali Kammoun affectionne la rencontre du jazz contemporain et de nos musiques autochtones. «Margoum» est de cette mouture. Sonia M'barek en sus... En dépit du moment politique «trouble», «le festival de Carthage» poursuit, tant bien que mal, sa programmation. Plutôt bien que mal, convenons-en. La première partie, ramadanesque, a pu, en effet, enregistrer quelques grands succès publics, dont «El Hadhra» (un record d'affluence), Majda Erroumi, la soirée Kadhem Essaher-Yousra Mahnouche aussi, qui aura ô combien égayé le début des fêtes de l'Aïd. La seconde partie s'annonce, elle, tout aussi intéressante et attrayante. Si l'accalmie revient, et c'est ce que tout le monde appelle de ses vœux, l'amphithéâtre romain accueillera, comme prévu, les spectacles haut de gamme que sont les concerts de Michel Jarre, de Lotfi Bouchnâq, les ballets d'Anatolie, et autre du même acabit. Chants, instruments, ballet «Margoum», de Mohamed Ali Kammoun et de l'ensemble orchestral de Tunisie de Rachid Koubaâ, en fera partie. Et à juste titre. Mohamed Ali Kammoun est connu et reconnu dans le monde du jazz international. Il se spécialise surtout dans «le jazz fusion» qui s'inscrit dans la démarche de la musique néo-traditionnelle, basée sur le métissage de la tradition musicale autochtone et de la recherche esthétique moderne. Pianiste et compositeur, enseignant à l'université de Tunis, Mohamed Ali Kammoun s'est déjà révélé au public tunisien à travers des créations d'une réelle qualité et d'un certain écho. La critique a salué ces travaux. Mais la médiatisation demeure insuffisante. Disons qu'avec «Margoum», ce mercredi 14 août, l'occasion d'un rattrapage est toute donnée. Le spectacle proposera deux volets : d'une part, une nouvelle d'anciennes mélodies de l'héritage traditionnel tunisien (folklore, soufi et arabo-andalou) développées et arrangées par un orchestre multiculturel (ensemble de cordes, instruments traditionnels, section rythmique moderne, «vents» et choristes). Et d'autre part, des compositions de Mohamed Ali Kammoun lui-même, dont une chanson soufie confiée à l'excellente soliste chanteuse Sonia M'barek («la cerise sur le gâteau»). La chorégraphie et la danse seront aussi présentes, avec un tableau de danse contemporaine sur la chanson traditionnelle «Bâb dârik» conçu par la Franco-Tunisienne Cyrine Douss, venue, à l'occasion, de Paris. De même que des solistes instrumentistes de renommée : Hichem Badrani, Hamdi Makhlouf, Issam Garfi... Présenter «le jazz fusion», «la musique métissée» de Mohamed Ali Kammoun n'est pas entièrement «une affaire de mots». Il faut y avoir prêté ouïe. Et il faut consentir à «la découverte». Ceux qui l'ont fait, il y a deux saisons déjà, au palais d'Erlanger, et cette année encore sur la même scène, se seront sûrement réjouis d'une musique où authenticité et modernité tissent une bien belle harmonie, et où la création, l'improvisation, la performance, surtout, tiennent du véritable «cap». C'est ce qui attend le public demain, mercredi 14 août, sur la scène du théâtre romain de Carthage(*). Un avis : ceux qui seront au rendez-vous n'auront sûrement pas à le regretter. (*) «Margoum» sera précédé en début de soirée par Karim Ziad et Hamid Kasri (Algérie, Maroc, France), dans une autre version du jazz fusion mêlé aux rythmes gnawa