En rentrant au bercail après avoir accompli les...rites du jihad en Syrie, nos «terroristes» ont choisi la sagesse, pour les uns, et la fuite en avant, pour les autres. Le verre est donc à moitié vide... Le ministère de la Justice a entamé, récemment, la tenue d'une série d'audiences dans les tribunaux pour juger les présumés terroristes tunisiens arrêtés à leur retour du jihad en Syrie. Un constat remarquable d'emblée : certains de ces accusés ont exprimé devant les juges leur regret d'avoir été dupés et investis d'une mission qui va à l'encontre des fondements de l'Islam. L'un d'eux, âgé de 23 ans et domicilié à Sidi Hassine Séjoumi, a avoué, lors de son audience à la chambre 6 du Tribunal de Tunis, qu'il a été écœuré par les actes de lynchage à mort perpétrés entre musulmans, ajoutant au passage que «les jihadistes tunisiens en Syrie, bien que peu ou non entraînés au maniement des armes, étaient condamnés par les chefs des groupuscules étrangers à occuper les premières lignes du front du combat, des boucliers humains, quoi !» Jihadistes assagis Faute de statistiques officielles disponibles, le nombre d'activistes tunisiens rentrés du jihad en Syrie s'élèverait, selon certaines sources policières généralement bien informées, à trente personnes, toutes arrêtées à leur arrivée à nos frontières. Emprisonnées, elles attendent d'être jugées. Or, contrairement aux craintes nourries par certains, quelques-uns de ces jihadistes sont considérés comme «récupérables» pour avoir juré devant les juges de déposer les armes, de tout faire pour assurer leur réinsertion dans la société, et, par conséquent, de redevenir ce qu'ils étaient, c'est-à-dire d'honnêtes citoyens sans histoire, pieux certes mais apolitiques. Des aveux qui ne cessent de revenir sur la bouche de ces repentis qui affirment, à l'unisson, que les...rites du jihad en Syrie furent pour eux un vrai cauchemar qu'ils veulent oublier le plus vite possible. Question inévitable : seront-ils pour autant graciés ? En attendant le verdict de la justice qui sera rendu conformément aux articles 61, 62 et 63 du Code pénal, les familles de ces détenus assagis viennent de lancer une offensive revendiquant leur libération. Mahmoud Ben Mansour, 54 ans, nous a confié qu'il n'épargnera aucun effort pour sauver son fils qui attend d'être jugé. «Mon fils, précise-t-il, s'est présenté de son propre gré à la police. Il n'a cherché ni fuite, ni échappatoire, parce qu'il a tout simplement reconnu qu'il a été induit en erreur par un réseau international chargé de l'expédition de jihadistes en Syrie. Et puis, mon fils n'a séjourné que deux semaines dans ce pays avant de prendre la poudre d'escampette, horrifié qu'il fut par la sale besogne qu'on lui a confiée». Et notre interlocuteur de lancer cet appel émouvant : «Libérez-le, laissez-le rentrer à la maison, car il m'a promis, à maintes reprises, de couper court avec l'activisme religieux qu'il qualifie désormais d'opération-suicide dont notre religion, faite de tolérance et d'amour, ne peut que pâtir». Les incorrigibles, ces bombes à retardement Ceci côté fleurs. Côté épines maintenant, avec ces...indésirables revenants de Syrie qui constituent de véritables bombes à retardement. Faisant partie de la race dure des terroristes, ils sont prêts à se couper en quatre pour ne pas abdiquer ! C'est que la terreur coule dans leurs veines et tuer est, pour eux, synonyme d'une partie de plaisir. Ces hommes sont potentiellement si dangereux que ni les nombreuses peines de prison qu'ils ont purgées, ni les atrocités des combats qu'ils ont livrés jusqu'ici ne purent assagir. Et, fatalement, c'est avec ce «cancer» qu'il va falloir composer. Certes, certains d'entre eux ont été récemment arrêtés, et c'est au moins ça de gagné. Et le reste ? Psychose, dans la mesure où, selon certaines sources policières, «des jihadistes rentrés de Syrie, mais aussi de Libye, du Mali et d'Algérie courent encore. Et c'est bien cette clandestinité qui préoccupe et inquiète le plus». Il est vrai que, dans les traditions d'Al Qaïda, on doit «exceller» dans la partie entre le chat et la souris, afin de créer l'effet surprise le moment venu. Une trouvaille diabolique d'Oussama Ben Laden qui a tant fait mouche en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, en Tchétchenie, en Syrie, au Yémen, en Somalie, en Libye et maintenant... au Jebel Chaâmbi. Que faire pour s'en défaire ? Une seule solution, à savoir une exploitation judicieuse et sans faille des aveux arrachés aux terroristes arrêtés dans nos murs. Et sans prétendre céder à l'optimisme béat, on peut dire, à ce sujet, que ça promet, rien qu'en se référant aux descentes policières de plus en plus fréquentes et «inopinées» effectuées, ces jours-ci, dans les rangs des jihadistes et matérialisées, et c'est très important, par l'arrestation de suspects et de complices, d'une part, et par la saisie d'armes et de munitions, d'autre part. Des points marqués oui, mais encore faut-il, pour mieux progresser dans cette lutte acharnée contre le terrorisme, maintenir la pression, en passant à la vitesse supérieure.