Le budget alloué à la rentrée scolaire est très variable selon les milieux mais reste trop élevé pour certaines familles Quand on débute à l'école, il faut exactement 6,6DT pour s'acheter tous les livres. En 6e année, cela nécessite un budget 4 fois plus important. D'une façon générale, plus on est âgé, et plus les frais de scolarité sont élevés. Afin de donner une estimation de ce que peuvent débourser les parents pour leurs enfants à la rentrée, nous nous sommes procuré la liste des fournitures scolaires demandées par les enseignants, auprès d'une institution privée à Tunis. 3 cahiers n°12, 5 n°24... il ne faut pas plus de 4 DT pour avoir les cahiers de la 1ère année. Ce budget est triplé à la 3e année et finit par atteindre 18DT à la 6e année. Une foule d'autres fournitures est demandée aux écoliers, en plus de manuels scolaires édités à l'étranger, de romans et de tenues de sport «réglementaires». Dans d'autres écoles, en revanche, l'exigence laisse place à plus de souplesse. A El Agba (environ 8km du centre-ville de Tunis) par exemple, le nombre de cahiers demandés par l'école (publique) représente à peine plus du tiers de ce qu'un élève dans un établissement privé est tenu d'apporter. «Les parents n'ont pas les moyens d'acheter un cahier pour chaque matière, d'ailleurs les enseignants ne l'exigent pas», affirme Ines, psychologue et bénévole dans une association humanitaire, qui a récemment organisé une action de distribution de fournitures scolaires à El Agba. En résumé, entre les livres, les cahiers et les autres fournitures de base (crayons, stylos, feuilles de dessin, règle, etc.), il faut compter au minimum 20 DT en première année, 30 DT en 3e et 45 DT en 6ème de dépenses pour la rentrée. Dans d'autres milieux, plus aisés, les coûts grimpent à 41 DT en première année et vont jusqu'à 117 DT en 6e, sans compter les frais d'inscription qui peuvent atteindre 200 à 300 DT et les manuels scolaires. Ce qui peut peser, en plus, dans le budget de la rentrée, ce sont les cartables, les tabliers et les trousses. Le moins cher des cartables se vend à 19 DT mais sa durée de vie est d'à peine un an. Le plus cher, souvent avec des roulettes, s'achète à près de 120DT dans les grandes surfaces. Les tabliers se vendent entre 15 DT et 25DT. Les trousses quant à elles, sont à au moins 4 DT, sauf quand elles sont «soldées». Le prix est alors réduit à 1,5DT. Au final, une rentrée scolaire dans une école privée peut coûter plusieurs centaines de dinars. Dans une école publique, il faut compter au minimum 60 DT pour les plus petits et 84DT pour les plus âgés. Exclusion 60 DT représentent le quart du salaire d'une personne qui touche le SMIG. Pour certaines familles, la rentrée scolaire représente une épreuve difficile à gérer. «Plusieurs parents font des crédits, parfois sur 4 à 5 mois», confie un libraire du Kram (banlieue nord de Tunis). Pour ceux qui ne peuvent le faire, on hiérarchise les besoins, et ce sont souvent les cartables qu'on enlève de la liste en premier. Dans certaines écoles, à Sejnane par exemple, certains enfants se servent de sac poubelle pour transporter leurs affaires. «Les enfants défavorisés doivent se contenter du minimum. Beaucoup d'entre eux se sentent exclus et sont découragés dans leurs études. D'autres sont carrément privés d'école», affirme Ines. Mohamed travaille comme ouvrier journalier à Tunis et a trois enfants habitant dans un Douar à Bizerte. Les deux plus grands ne vont pas rejoindre leurs camarades cette année. «Nous vivons dans des conditions très rudes, c'est à peine si j'arrive à nourrir la famille. Nous sommes sept à la maison, je suis le seul à travailler», explique le père. Selon les déclarations de Hedi Saidi (responsable au ministère de l'Education) et de Lassaâd Yaacoubi (secrétaire général du syndicat de l'enseignement secondaire) ce mois-ci, 100.000 élèves dont 10.000 dans les écoles primaires ont abandonné l'école entre 2012 et 2013 pour des raisons socio-économiques. Un taux qui serait en augmentation ces dernières années.