Le classement d'Ansar Echaria comme organisation terroriste soulève de nombreuses problématiques. Eclairage de Noureddine Ennaifer, expert en questions sécuritaires et études stratégiques. Tel que l'entend le professeur Ennaifer, classé officiellement comme organisation terroriste, Ansar Echaria tombe sous le coup des traités internationaux de l'Organisation des Nations unies à l'encontre du terrorisme, du crime organisé et du blanchiment d'argent. Ce qui peut déclencher, selon le même expert, une coopération entre la police internationale Interpol et l'Etat tunisien. Une coopération qui peut également avoir lieu avec les instances internationales, notamment la Coopération interarabe de lutte contre le terrorisme, régie par le traité arabe y afférent et ratifié par les ministres de l'Intérieur arabes. Dans la même optique, notre interlocuteur souligne que ce classement peut ouvrir la voie à une coopération internationale, étant donné que la Tunisie souffre aujourd'hui de l'incubation d'une épidémie redoutée par tout le monde, y compris les grandes puissances. C'est que la Tunisie peut, ce faisant, solliciter l'aide des membres permanents des Nations unies, à savoir entre autres, les Etats-Unis, la Chine, la France, la Russie et l'Angleterre. S'agissant des réactions prévues de la part du groupe Ansar Echaria après le dernier classement, notre interlocuteur estime qu'elles seraient multiples. « Je pense qu'ils vont renouer avec la clandestinité. C'est-à-dire que le noyau politique et l'aile militaire de cette organisation vont se retirer pour chercher refuge en Libye, au Mali et dans les zones reculées du Grand Sahara ainsi que les montagnes traversant ces régions. Là-bas, ils pourraient agir discrètement pour relancer leurs camps d'entraînement ». Pour ce qui est de l'aptitude de nos forces de sécurité à faire face aux futurs projets et éventuels plans d'action d'Ansar Echaria, l'expert en questions sécuritaires laisse entendre que les forces tunisiennes sont très bien formées pour relever ce défi. Sauf qu'il faut penser à la promulgation de certaines lois et procédures pour les protéger, en cas de bavures ou de fautes professionnelles. Sur un autre plan, il fait remarquer que la loi 75 de 2003 contient deux aspects relatifs à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent. C'est qu'il y a lieu aujourd'hui de l'activer afin de bloquer tout financement provenant du blanchiment d'argent: « L'on sait tous aujourd'hui que ces groupes terroristes disposent d'armes très sophistiquées dont le financement serait assuré par des opérations de blanchiment. De là, il me semble, à bien des égards, nécessaire de commencer par le contrôle des organisations dites à caractère religieux afin d'assécher les sources ».