Ansar Echaria demeure une véritable énigme ! «Ansar Echaria est désormais classé organisation terroriste», a annoncé Ali Laârayedh lors de sa conférence de presse de mardi. A l'entendre s'y attarder, on croirait à un «scoop», à une «trouvaille» des plus précieuses, celle-là même qui conduira à un imminent démantèlement de ce réseau et à la capture de ses principaux activistes, Abou Iyadh en tête. Or, à bien y voir, on n'est pas sorti de l'auberge, et le plus dur reste à faire. «M. Laârayedh n'a absolument rien apporté de nouveau dans son dernier discours», soutient une source sécuritaire bien informée et au fait du dossier du terrorisme en Tunisie qui estime, en reprenant un jargon policier cher aux Américains, que «l'important n'est pas de repérer un poisson, mais de le voir mordre à l'hameçon avant d'être dévoré par un requin». La preuve est que, jusqu'à présent, ni les jihadistes ayant élu domicile au jebel Chaâmbi n'ont pu être vaincus, ni le mouvement d'Ansar Echaria n'a pu être évincé, ni toutes les caches d'armes n'ont pu être torpillées. Au même moment, l'homme le plus recherché du pays court encore. Et cela, en dépit de la mobilisation de l'artillerie lourde des ministères de la Défense et de l'Intérieur, et du recours, pour la première fois en Tunisie, en pareille circonstance, à l'usage des avions et des drones. «Pis encore, les menaces d'attentats dans les zones urbaines restent sérieuses», s'inquiète un policier qui reconnaît que «notre déficit chronique en renseignement demeure le talon d'Achille qui nous paralyse le plus». Et de rappeler qu'«au temps de l'ancien régime, les services de renseignements, alors solidement structurés et superbement efficaces, faisaient notre force en Tunisie et notre fierté à l'étranger, à la faveur de la présence de hautes compétences et d'une collaboration étroite et exemplaire avec les services secrets occidentaux (USA, France, Italie, Allemagne...) et arabes (Egyptes, Algérie, Libye, Maroc, Arabie Saoudite...). Hélas, les temps ont changé et aujourd'hui que le terrorisme frappe dans nos murs, on se contente fatalement de constater les dégâts». Les navettes d'Abou Iyadh... Le constat est encore plus amer quand on sait que le tristement célèbre Abou Iyadh continue de sévir, au nez et à la barbe de ses «ennemis» auxquels il...s'amuse encore à brûler la politesse, en passant incognito, quand bon lui semble ! Aux dernières nouvelles, il est annoncé à l'étranger. «Probablement pour tenter, avec ses acolytes d'Aqmi, de protéger la fuite des terroristes embusqués à jebel Chaâmbi», pense une source de la Garde nationale, qui va jusqu'à affirmer que «cet homme n'est pas à son premier saut loin de nos frontières, puisqu'il a été signalé, à plusieurs reprises, dans les deux pays voisins (Algérie et Libye)». Quel...casse-tête, mes aïeux !