L'UTAP accuse le ministère du Commerce de prendre des décisions unilatérales qui ne servent pas les intérêts des éleveurs... Au courant du mois de Ramadan, nous avions annoncé sur ces mêmes colonnes et en exclusivité que le mouton de l'Aïd serait cette année tunisien à 100%, autrement dit que les autorités de tutelle n'auraient pas recours à l'importation comme les précédentes années en raison de l'abondance du cheptel ( 930 mille têtes selon l'UTAP, 910 mille selon le ministère de l'Agriculture) ce qui couvre largement les besoins nationaux pour la fête du sacrifice (870 mille têtes). Cette information tenue du président de l'UTAP, M. Abdelmajid Ezzar, vient d'être contredite par une décision du ministère du Commerce portant sur l'importation prochaine d'une quantité de têtes de mouton pour l'Aïd El Kébir dans le but d'approvisionner le marché et de rationaliser les prix qui, faut-il l'admettre, ont la fâcheuse habitude de s'affoler en pareille occasion. Contacté pour vérifier l'information et expliquer le pourquoi du revirement, le vice-président de l'UTAP, M. Adel Massaoudi, ne cache pas son exaspération et accuse le ministère du Commerce de prendre des décisions unilatérales qui, de surcroît ,ne servent pas les intérêts des agriculteurs et du pays. «Le ministère du Commerce a déjà fait part de sa crainte de ne pouvoir satisfaire la demande nationale en cas de non-importation de moutons, mais l'UTAP et le ministère de l'Agriculture l'ont rassuré sur la base de statistiques fiables faisant état de quantités locales suffisantes pour cette année», explique M. Massaoudi. Visiblement, le ministère du Commerce n'en a pas tenu compte puisque, selon le vice-président de l'UTAP, «le ministère du Commerce a pris sa décision de manière unilatérale sans consulter aucune partie siégeant dans la commission mixte dont les membres représentent les ministères de l'Agriculture, du Commerce, des Finances et l'UTAP». Le ministère de l'Agriculture débraye Les propos de M. Massaoudi ont tous été vérifiés ce mardi lors d'une conférence de presse donnée par le président de l'UTAP. Le vice-président de l'Union des agriculteurs corrobore ses craintes en indiquant que l'importation de moutons va engendrer une lourde ardoise supplémentaire pour le pays, rappelant que celle-ci a atteint 3 MD l'année dernière. Le représentant de l'UTAP est sûr que cette année nous n'aurons pas besoin d'importer du mouton car «nous n'allons pas approvisionner la Libye comme ce fut le cas l'an dernier», confie-t-il. De son côté, le ministère de l'Agriculture a, semble-t-il, débrayé et revu sa position après la réunion de lundi dernier avec le ministre du Commerce et les représentants de la filière de la viande rouge. Selon une dépêche de la TAP, M. Mohamed Ben Salem a avalisé l'importation de 10 mille têtes d'ovins et aurait même «mis l'accent sur la nécessité d'accélérer l'opération d'importation afin d'éviter les problèmes rencontrés l'année dernière lors de l'importation des moutons de Roumanie». Alors, qui a tort ? Qui a raison ? Le saura-t-on un jour ? Mais tout le monde se rappelle encore que beaucoup d'encre a coulé l'an dernier sur le mouton roumain qui a fait l'objet d'une grande polémique et qui n'a pas connu le succès espéré par ses importateurs. Ce qui est souhaité cette année, c'est que les décideurs fassent le bon choix et dans la plus grande transparence. Mais qu'est ce qui garantit que les prix ne grimperont pas ? Rien ni personne. Pour le responsable à l'UTAP, la solution est dans le moyen et le long termes car elle doit avoir l'objectif stratégique de préserver la composante élevage et le maintien de l'activité de l'agriculteur. Pour cela, il est indispensable, voire urgent de lutter contre la contrebande, le marché parallèle et la monopolisation et la spéculation qui sabotent les intérêts des agriculteurs et le secteur agricole en général. Et dans cette lutte, aucune partie (gouvernement, agriculteurs, citoyens) ne doit se sentir exclue, de trop ou non concernée.