En l'absence du Cheikh, le Mouvement campe sur ses positions et accuse les parrains du dialogue de partialité « Ennahdha a adhéré à toutes les concessions possibles afin de servir l'intérêt supérieur de la patrie. Toutefois, il refuse d'être le bouc émissaire de ceux qui cherchent à s'accaparer le pouvoir par des moyens détournés». C'est par de tels propos qu'Abdelhamid Jelassi, vice-président d'Ennahdha, s'est adressé hier à des journalistes stupéfaits de l'absence de Rached Ghannouchi, président du parti d'Ennahdha. Accompagné par Rafik Abdessalem et Ajmi Lourimi, responsables du bureau exécutif du Mouvement, Jelassi a réitéré l'attachement de son parti au dialogue pour résoudre les points de litige qui persistent entre le gouvernement de la Troïka et l'opposition. Sur la même lancée, il a noté qu'Ennahdha a réagi positivement aux différentes initiatives, y compris celle du Quartet. « Nous avons franchement manifesté notre entière disposition à adopter l'initiative du Quartet comme base pour le dialogue qui devait être engagé. Nous avons procédé conformément à nos propres convictions : l'intérêt supérieur de la patrie doit primer sur toutes les considérations politiques et partisanes. C'est dans ce sens que l'on a auparavant accepté d'abandonner le choix du régime parlementaire et de garantir la neutralité des ministères souverains. Aujourd'hui encore, nous sommes prêts à consentir davantage de concessions, à condition que la partie adverse fasse preuve d'un comportement raisonnable et évite de traîner le pays dans la boue en puisant dans la dramatisation à outrance », a-t-il ajouté. Principes fondamentaux Le deuxième volet de la conférence se rapportant à l'approche d'Ennahdha pour une sortie de la crise a été assuré par Rafik Abdessalem. Prenant la parole, il a indiqué qu'une traversée saine des zones de turbulence que vit le pays passe nécessairement par l'adoption du texte constitutionnel ainsi que par la préservation de l'Assemblée nationale constituante (ANC), siège de la légitimité. S'attardant sur la démission envisagée du gouvernement actuel et la constitution d'une nouvelle équipe gouvernementale présidée par une personnalité indépendante, Rafik Abdessalem a laissé entendre qu'une mesure pareille ne serait possible qu'après la finalisation des tâches et missions de l'ANC, ainsi que par la réunion des différents acteurs politiques autour de la même table sans pour autant imposer des conditions préalables. Le même intervenant a, ensuite, formulé la crainte de son parti par rapport aux déclarations démesurées de certains opposants qui ne cessent d'exprimer un penchant outré pour le recours à la rue. Sur la même lancée, il a affirmé que les coups d'Etat militaires ne peuvent en aucun cas servir la démocratie et que le consensus est une condition sine qua non pour l'élaboration d'une feuille de route commune et profitable à tous. L'impartialité nécessaire Débattant de la situation économique du pays, l'ex-ministre provisoire des Affaires étrangères a fait observer que l'actualité du pays n'est ni rassurante ni alarmante, soulignant que les incessants sit-in et grèves encouragés par certains ont significativement affecté le rebond économique du pays. De son côté, Ajmi Lourimi n'y est pas allé par quatre chemins pour rétorquer que le gouvernement de la Troïka a réussi à maintenir la barque à l'eau dans des conditions complètement défavorables. Dans cette optique, il a précisé que le texte constitutionnel est fin prêt et que son adoption ne demande que quelques jours. Lourimi a, de surcroît, dénoncé la partialité et le manque de neutralité du Quartet parrainant le dialogue, avant d'insister sur l'impératif d'organiser des élections libres et transparentes dans les plus brefs délais et d'assainir le climat politique, social et sécuritaire.