Personnel et direction se tirent à boulets rouges Le personnel de l'Institut national de recherche et d'analyse physico-chimique a observé hier une grève en signe de protestation contre ce qu'il considère comme une atteinte «au droit syndical et à l'esprit de dialogue et de concertation». Les grèvistes pointent du doigt la directrice de l'Institut, à la tête de l'établissement depuis janvier 2013, comme étant responsable de la détérioration du climat social et des tensions qui y prévalent. Près de 120 universitaires, ingénieurs, techniciens et ouvriers ont décidé de faire la grève et de dire non aux pratiques unilatérales et aux décisions parachutées. Selon les propos de Mme Saloua Ben Aïssa, membre du comité syndical uni de l'Institut, tout a commencé en janvier 2013, suite notamment à la nomination de cette directrice. « Des destitutions injustifiées, des nominations non fondées ainsi que le refus de toute négociation avec le corps syndical constituent sa devise. Nous avons tenté à plusieurs reprises de la convaincre quant à l'impératif du dialogue, en vain», indique Mme Ben Aïssa. En effet, ledit syndicat a suggéré, au préalable, la tenue de cinq réunions de négociations, des demandes qui se sont heurtées au refus de la directrice. Le gouvernorat de l'Ariana a également tenté de résoudre le problème et d'asseoir une base de concertation et de communication entre elle et le personnel; des tentatives vouées à l'échec. «Elle refuse de coopérer avec le comité syndical. Pourtant, ce comité est plus que légitime car recommandé et approuvé par quelque 137 signataires, le nombre total du personnel étant de 170 personnes», explique M. Nouri Toumi, secrétaire général adjoint à l'Union régionale du travail de l'Ariana. Et d'ajouter que la directrice, et bien qu'universitaire chevronnée, vient de prouver son incapacité à gérer le personnel et à accomplir sa mission administrative. De son côté, M. Abdelmajid Slama, représentant le syndicat général des fonctionnaires et des agents des laboratoires, qualifie la situation de «catastrophique». Il appelle les parties concernées à réviser le système de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique dans sa totalité. Il trouve que la directrice doit impérativement accepter de coopérer avec le corps syndical. Décisions justifiées, refus de dialogue confirmé ! Pour sa part, Mme Najoua Kamoun, directrice de l'Institut, affirme qu'elle a la conscience tranquille. Elle trouve évident qu'elle soit chahutée par la majorité écrasante du personnel. «Depuis que je chapeaute l'Institut, je ne cesse de découvrir des abus et des dépassements ahurissants : vols, destruction des équipements, laxisme, nonchalance, sans compter l'irrespect et l'absence de tact. Le syndicat de base des professeurs de l'enseignement supérieur reconnaît ma compétence, chose qui déplait au syndicat uni de l'Institut; un syndicat dont j'ignore toujours le fondement car il représente cinq syndicats représentant cinq sections différentes, notamment les universitaires, les ingénieurs, les techniciens, les fonctionnaires et les agents», explique Mme Kamoun. Et d'ajouter que si les grévistes prétendent qu'elle est appuyée par un parti politique influent, -chose qu'elle nie-, elle trouve que la grève, elle, est une grève sur fond politique. Evoquant la question des nominations et des destitutions jugées arbitraires, la directrice indique que la destitution de l'ex- responsable du service des analyses est justifiée par les erreurs professionnelles graves qu'il aurait commises. «D'autant plus qu'elle prépare son doctorat et qu'elle n'est pas assez disponible pour le service», renchérit la directrice. Par ailleurs, la directrice avoue son refus du dialogue sous prétexte de l'absence de tact. «Ces gens ne discutent pas : ils crient. Je ne peux établir un dialogue sur un fond de dispute», explique-t-elle. Mais est-ce une raison pour renforcer la discorde et accaparer les décisions ? La directrice à son tour soupçonne une manigance concoctée par une tierce partie, un universitaire exerçant à l'Institut et qui cherche à tout prix à décrocher le poste de directeur. «Ce monsieur accapare cinq appareils de pointe pour servir ses recherches ainsi que les thèses de ses disciples, chose qui paralyse le travail des autres laboratoires», indique Mme Kamoun. Les alliés de Mme Kamoun dénoncent et la grève et la création d'un syndicat uni. «Ce syndicat est une mascarade. Ces gens, souligne M. Fathi Touati, universitaire et représentant du Syndicat sectoriel des chercheurs, veulent perturber le cour du travail et pousser la directrice à démissionner afin de préserver leurs intérêts». Manifestement, la situation est le moins que l'on puisse dire bloquée. Toutefois, un dénouement consenti s'impose en urgence. Mme Wafa Safi, maître conférencier, appelle le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à intervenir pour assainir le climat social et faire respecter la loi.