Le premier Sommet pharmaceutique africain a souligné les avantages de partenariat public-privé et la nécessité de s'ouvrir sur le marché africain La Tunisie a atteint un certain degré de savoir-faire dans la fabrication des médicaments grâce notamment aux licences obtenues de certains laboratoires internationaux. Ce choix d'autosuffisance partielle en médicaments a eu des répercussions positives dans la mesure où l'on a pu répondre à des besoins de plus en plus importants et réduire, un tant soit peu, les dépenses en matière de médicaments. Mais cet effort reste infime car la grande partie de nos besoins dépend encore des importations qui pèsent lourd sur le budget de l'Etat. Aujourd'hui, les possibilités de diversifier la production, d'échanger les expertises et d'assurer le transfert technologique sont possibles grâce à un partenariat public-privé, que la Banque africaine de développement (BAD) est disposée à soutenir. L'Afrique représente un marché énorme en termes de demandes de médicaments. Meilleures stratégies de développement Selon la BAD, «le secteur pharmaceutique africain devrait connaître au cours des prochaines années un boom sans précédent». D'où l'importance d'asseoir un partenariat public-privé pour répondre à une demande en constante évolution. Cette industrie a donc des perspectives prometteuses au cours de la prochaine étape et peut être une source de recettes en devises et de création de nouveaux postes d'emploi, toutes catégories confondues. Les travaux du premier Sommet pharmaceutique africain, organisé à Hammamet, les 23 et 24 septembre, ont d'ailleurs bien souligné les avantages de la coopération entre le public et le privé et la nécessité de s'ouvrir sur le marché africain et ses grandes potentialités. Pour preuve, le taux de croissance annuel moyen dans ce secteur en Afrique est estimé à plus de 10%. Le continent est donc classé comme le second marché le plus dynamique à l'échelle mondiale, après l'Asie-Pacifique. Les dépenses pharmaceutiques devraient atteindre les 30 millions de dollars d'ici 2016. L'accès aux médicaments dans certains pays africains par les populations à bas revenus est certes difficile mais l'Etat intervient à travers les caisses sociales —comme c'est le cas en Tunisie— pour aider les plus démunis à avoir leurs médicaments parfois gratuitement. Le sommet en question —organisé par la BAD et le journal Africa Health— a réuni quelque 130 experts de haut niveau de différentes nationalités. Cette première plateforme a permis, en fait, de réunir dans un même espace les décideurs politiques, les industriels, les experts et les bailleurs de fonds, l'objectif étant de définir les meilleures stratégies de développement du secteur pharmaceutique. Développer des synergies Les participants ont été, en majorité, d'accord pour multiplier et renforcer le partenariat entre le public et le privé vu ses effets bénéfiques pour les deux parties. C'est que l'industrie pharmaceutique nécessite un investissement lourd que l'Etat peut supporter en partie. Quant à la technologie de pointe, aux équipements, à la gestion et la commercialisation, les privés peuvent s'en charger. La Tunisie est, bien entendu, parmi les pays qui soutiennent le développement de partenariats africains dans ce domaine. Les laboratoires tunisiens ont déjà acquis une expérience et un savoir-faire qu'ils peuvent transférer à d'autres pays dans le cadre d'une coopération bilatérale, trilatérale ou multilatérale. De plus, ces partenariats devraient contribuer à améliorer la sécurité sanitaire et à l'accessibilité au médicament. L'harmonisation des législations dans le domaine de la fabrication au niveau de l'Afrique pourrait faciliter les échanges d'expériences et la réalisation d'essais en commun. La BAD soutient, en tout cas, ce processus et intervient pour favoriser le partenariat public-privé dans le secteur pharmaceutique. La première édition du Sommet africain a été une occasion d'échanger les points de vue dans le cadre d'une plateforme de business-to-business en vue de concrétiser des partenariats, renforcer la collaboration entre les différents pays de ce continent et développer des synergies. Les grands projets commencent par des contacts et des échanges de points de vue avant de passer aux choses sérieuses, à savoir la signature de contrats de partenariat ou de vente. A noter que la BAD a lancé un programme ambitieux basé sur une stratégie institutionnelle à l'horizon 2022. A travers son département du développement humain, la BAD a défini ses priorités pour l'industrie pharmaceutique en soutenant le développement du secteur privé et l'intégration économique régionale. Des lendemains meilleurs attendent le secteur de l'industrie pharmaceutique en Afrique, même si ce marché ne représente que 2% du marché global. Cependant, sa croissance reste la plus importante dans le monde. Des opportunités doivent être exploitées par les fabricants et les laboratoires qui souhaitent augmenter leurs parts de marché à l'exportation.