Des brûlures de 2e degré pour le vendeur ambulant et des brûlures locales pour trois policiers... Les produits de contrebande commercialisés dans les artères de Bab El Jazira, ainsi que dans divers endroits du Grand-Tunis, sont plus qu'un simple phénomène de commerce parallèle. En effet, les pots-de-vin seraient monnaie courante entre les vendeurs ambulants — dont la majorité sont originaires de Jelma (gouvernorat de Sidi Bouzid) —, et quelques agents chargés de la traque du commerce illicite, notamment les cigarettes et les feux d'artifice. Hier matin, et lors de l'une de ces campagnes lancées à Bab El Jazira, un incident a éclaté entre une patrouille de police et un marchand ambulant. Une descente dans les immeubles du voisinage a également permis la saisie d'importantes quantités de marchandises. Un certain nombre de marchands suspectés ont été arrêtés. Selon des sources policières sur place, le marchand, Mohamed Hedi Lakhdhari, refusant de livrer sa marchandise à la police, aurait versé une quantité importante d'essence (10 litres) sur l'une des voitures de la patrouille avant d'y mettre le feu, et ce, alors que deux officiers de la police se trouvaient à l'intérieur. L'un d'entre eux a été brûlé au bras. D'après un officier de police, le vendeur s'est, immédiatement après, immolé par le feu, avant d'être transporté au Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous. L'origine du drame «Les agents, habitués à prendre des pots-de-vin, ont dû tomber ce matin sur mon frère, qui est un fonctionnaire. Il a été malmené par les policiers qui lui ont arraché ses papiers de la main et l'ont conduit de force à leur voiture, où il a été violenté. Réagissant à ce mauvais traitement, il a pris de l'essence qu'il a recueilli du réservoir d'une moto pour mettre le feu au véhicule de ses agresseurs. Les policiers l'ont bousculé et l'un d'eux aurait menacé de mettre le feu à son corps, alors que de l'essence avait déjà aspergé ses vêtements», c'est ce que rapporte le frère du vendeur, Ridha Lakhdhari. D'après lui, les policiers ont terrorisé toute sa famille et bon nombre de ses proches ont été arrêtés, dont sa belle-sœur. D'après un communiqué du ministère de l'Intérieur, les patrouilles ont dû, lors de cette descente de lutte contre la vente des marchandises de contrebande, saisir, entre autres, une importante quantité de pétards. Par ailleurs, deux des policiers touchés par le feu ont quitté le Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous, alors qu'un troisième, celui sur lequel le vendeur s'est jeté, y réside encore pour un suivi médical. Le vendeur, quant à lui, souffre de brûlures de second degré. Un incident qui laisse présager d'autres jours de tension entre vendeurs ambulants et policiers, vu que ce n'est pas la première fois que ce genre d'incidents survient dans cette même zone de la capitale...