Comment débarrasser la ville d'un phénomène synonyme de laideur et d'anarchie si on est soucieux de ménager l'emploi de ces marchands ambulants...? L'intervention musclée des forces de l'ordre, samedi dernier, à Bab El Jazira, au centre-ville, suite à laquelle un marchand ambulant s'est immolé par le feu après avoir incendié une voiture de police, ne semble pas porter ses fruits. Rien ou presque n'a changé. Ladite place a été de nouveau investie par les étalages anarchiques. Depuis la révolution, ce phénomène ne cesse de gagner du terrain, aux dépens de la fluidité de la circulation, aussi bien celle des automobilistes que celle des piétons. Quel chemin alors ! Faisant le tour des rues et ruelles de la capitale, de l'avenue de France à celle de la Liberté, de la place de la République à l'avenue de Paris, la ville n'est guère parvenue à retrouver son souffle, ni son charme d'antan. Difficile, aujourd'hui, de voir un tel état de choses. A moins que l'on ne justifie l'anarchie par l'emploi de quelques-uns. Du côté de la municipalité de Tunis, censée être la partie appelée à trancher sur le sujet, aucune mesure ne serait prise dans l'immédiat. Des campagnes d'inspection vont se poursuivre sur le terrain. Contacté, M. Hamed Abid, secrétaire général de la mairie, affiche la volonté de ses services de traiter le problème jusqu'au bout, en coordination avec le gouvernorat de Tunis, la police municipale et les agents de la sécurité intérieure. « Nous agissons dans la synergie afin de mettre un terme à ce fléau, tout en essayant de ne pas toucher aux sources de revenus de ces vendeurs à la sauvette. Sans pour autant tolérer le commerce parallèle des produits prohibés et dangereux, tels que les pétards et bien d'autres marchandises illicites ou contrefaites», fait-il observer d'un air plutôt conciliant. Du reste, on déplore l'absence d'une vraie procédure qui en finirait avec cette situation. M. Abid rappelle que la municipalité avait, autrefois, mis à la disposition de ces marchands un terrain aménagé à El Kabbaria, quartier périphérique de la capitale, dans le but de leur permettre de s'y installer. L'on a également pensé aux anciens abattoirs de la ville pour les transformer en marchés parallèles, a-t-il souligné. A l'en croire, toutes ces options ont été vouées à l'échec. Les marchands ambulants sont récalcitrants et continuent à l'être. C'est ou l'anarchie ou l'immolation, comme cela vient d'avoir lieu récemment à Bab Al Jazira ! « Nous nous sommes vraiment retrouvés face à un dilemme : comment venir à bout de ce problème sans pour autant perdre de vue son aspect socioéconomique ? », dit-il, avant de signaler que sa commune est en train d'évaluer les campagnes d'intervention effectuées pour savoir comment agir prochainement. Pour la municipalité de Tunis, l'éradication des étalages anarchiques s'avère être une question qui n'est pas aussi simple, au vu de son aspect multidimensionnel qui requiert la conjugaison de tous les efforts. Le ministère de l'Intérieur est partie prenante. Il était intéressant et utile de connaître sa position à l'égard de ce phénomène, ainsi que sa stratégie d'intervention, loin des risques provoqués par des descentes semblables à celles de samedi dernier. Malheureusement, cela n'a pas été possible : le porte-parole, M. Mohamed Ali Laâroui, étant injoignable pendant une grande partie de la journée...