Il est nécessaire, selon le gouverneur de la BCT, de rétablir la stabilité politique et d'envoyer des signaux positifs aux partenaires étrangers. Prévus hier à 9h00 du matin, les travaux de la séance plénière de l'ANC n'ont démarré que vers 10h00 faute de quorum; et pourtant, la question à débattre est d'une importance capitale pour l'avenir du pays, s'agissant de la situation économique considérée, à l'unanimité des spécialistes en la matière, comme étant très grave, en atteste la présence à cette séance de MM Chedly Ayari, gouverneur de la BCT, Elyes Fakhfah, ministre des Finances, Lamine Doghri, ministre du Développement et de la Coopération internationale, Abdelwahab Maâtar, ministre du Commerce de l'Artisanat, et Ridha Saïdi, ministre conseiller auprès du Premier ministre chargé du dossier économique pour donner un aperçu sur la réalité de la situation et répondre aux questions des députés. Ces derniers ont, toutefois, montré par leur faible nombre qu'ils étaient plus enclins à débattre de questions politiques. Les députés qui sont intervenus à cette occasion ont soulevé certaines questions liées aux problèmes de l'heure. Ils ont, ainsi, interrogé les ministres présents sur la vraie situation économique du pays d'autant plus, ont-ils souligné, que certains experts la qualifient de catastrophique. La réforme du système de compensation et du système fiscal a également été abordée par nombre de députés. Certains se sont interrogés sur la politique qui sera adoptée pour maîtriser l'inflation et faire face à la dégradation alarmante du pouvoir d'achat du citoyen. Dans sa réponse, M. Chedly Ayari a déclaré que les objectifs fixés pour l'année 2013 en matière de croissance risquent fort de ne pas être atteints, arguant que certains secteurs qui se sont bien comportés au début de l'année n'ont pas continué sur la même lancée. Le gouverneur de la Banque centrale a, en outre, souligné que la question politique est aujourd'hui identifiée comme la boule au pied qui plombe l'économie d'aller de l'avant. Il précise, à ce propos, qu'il n'est pas possible de réaliser un développement sans résoudre ce problème et pouvoir arrêter un calendrier clair qui sera un moyen pour regagner la confiance des partenaires de la Tunisie. C'est dans ce même ordre d'idées qu'il rappelle que les interlocuteurs rencontrés à l'occasion de déplacements à l'étranger reviennent, inévitablement, sur les questions de la Constitution, des élections et de la paix sociale. Chedly Ayari pense, d'ailleurs, qu'il est essentiel de se pencher d'urgence sur certains dossiers dont, principalement, la protection du bassin minier aussi bien au niveau de la production que de l'exportation, la relance du secteur touristique qui peut apporter des résultats rapides et renvoyer des signaux positifs à nos partenaires. Il se désole à ce propos que, pour la première fois depuis l'indépendance, la Tunisie se retrouve sans plan de développement quinquennal, chose à laquelle il faudra remédier rapidement, ajoute-t-il, «un tel plan servira de référence et de repère en termes de choix économiques» Selon le gouverneur de la BCT, il est également urgent de publier le nouveau Code d'incitation à l'investissement, option qui servira à mieux informer les investisseurs éventuels. Il note enfin qu'aujourd'hui, la Tunisie a besoin d'un choc positif et que ce choc est politique par excellence. Elyes Fakhfakh a, pour sa part, rappelé que les finances publiques et les équilibres monétaires subissent, depuis la révolution, un ensemble de pressions dont certaines sont internes telles la situation politique et sécuritaire, les revendications sociales et l'augmentation continue des dépenses de gestion. D'autres facteurs sont externes et sont, notamment, inhérents à une situation économique mondiale généralement marquée par la crise. Par ailleurs, ajoute-t-il, la croissance des dépenses liées à l'augmentation des salaires et de la compensation face à une hausse partielle des ressources de l'Etat ont généré un déficit budgétaire qui augmente d'une année à l'autre. «Un déficit qu'on ne peut combler que par l'endettement», ajoute-t-il. Le ministre attire, en outre, l'attention sur les inégalités qui continuent à prévaloir aussi bien au niveau de la fiscalité qu'au niveau de la compensation, soulignant que l'un et l'autre de ces dossiers nécessitent une réforme approfondie. Il ajoute que le ministère a d'ores et déjà entamé une réforme du système fiscal afin de le doter de plus de transparence, d'équité et d'efficacité. S'agissant de la loi de finances de l'année 2014, il a déclaré qu'elle se fixe comme fil conducteur la maîtrise et la bonne gestion des ressources, et non point la restriction. Ils ont dit : Les constituants ont estimé hier, lors du débat avec le gouvernement, que la situation économique n'est pas aussi «catastrophique» telle qu'elle est qualifiée par les experts et certains partis de l'opposition et organisations. Ameur Laârayedh (Ennahdha) : «Les discours alarmistes qui se sont multipliés durant la dernière période ciblent le citoyen tunisien et les investisseurs étrangers et locaux ». Abderraouf Ayadi (Mouvement Wafa) : «L'examen des questions de l'inflation et la régression de la valeur du dinar sont peu importants en l'absence d'un dialogue sérieux sur les choix économiques du pays et sur la manière de démanteler l'économie criminelle qui s'est développée à l'ère de la dictature». Mouldi Riahi (Ettakatol) : «Quel est le degré de cohérence de l'application de la politique d'austérité avec le budget 2014 en matière de développement et d'emploi ? ». Habib Herguem, (Ettakatol) : «Les entraves d'ordre administratif et les difficultés auxquelles font face les promoteurs des petits et moyens projets en l'absence de mécanismes qui facilitent le lancement de leurs projets dans des délais adéquats constituent un problème crucial ». Les chiffres *L'augmentation des prix des hydrocarbures a coûté à l'Etat 2000 millions de dinars entre 2010 et 2013. *L'augmentation des prix des céréales de 60% entre 2011 et 2013. *Une liste de 100 hommes d'affaires est concernée par le dossier de lutte contre la corruption, dont 20 businessmen sont interdits de voyage. *11 000 projets de développement en cours de réalisation *703 projets de développement sont en difficulté *L'indice de l'inflation est de 7,2% fin juillet 2013. *Les marchés conventionnels et légaux ne reçoivent que 40% du total des marchandises, alors que les marchés parallèles accaparent 60% de ces marchandises.