A chaque fois qu'ils approchent du but, les techniciens tunisiens se font rattraper par leur conservatisme. Souvent fatal! L'Espérance avait bien pu s'imposer à Johannesburg. Elle aurait également bien pu se faire battre et compromettre ses chances. Une première remarque : la Ligue des champions n'est plus ce qu'elle était et le niveau a considérablement baissé pour des raisons objectives. La principale est sans doute le fait que les joueurs africains quittent de plus en plus tôt. Les très bons, les bons et même ceux qui le sont moins, compte tenu du bas coût de leur recrutement. Certains ne font même pas carrière chez eux et sont pratiquement «kidnappés» à un âge très précoce. Ils vont atterrir dans des centres de formation partout en Europe (et aujourd'hui même chez certains de nos clubs) mais ne feront pas tous la carrière dont ils rêvent. Mais ce n'est pas vraiment une grosse perte pour les clubs qui les recrutent pour des montants dérisoires. En revanche, si cela sourit, les clubs touchent le jackpot. Non seulement ce pillage affaiblit les clubs du continent mais il rend impossible la stabilité et la continuité nécessaires aux performances. Certains clubs africains en deviennent de véritables étoiles filantes. Ce phénomène a toutefois profité ces dernières années aux incontournables clubs égyptiens (principalement Al Ahly) mais aussi aux clubs marocains, algériens et tunisiens. Ceux-ci peuvent en effet garder leurs meilleurs joueurs et, en même temps, recruter en Afrique noire où il y en a pour toutes les bourses. L'Espérance fait partie de celles-ci et en a profité pour s'installer dans le gotha continental. La solution est devant... Ayant longtemps souffert de l'axe central de sa défense, l'Espérance est enfin parvenue à le stabiliser grâce à Dhaouadi, Antar Yahia et Ben Mansour. Et si les flancs flottent parfois, il n'en demeure pas moins qu'on retrouve Derbali et Chemmam dans les grandes occasions. Mais le problème majeur, aujourd'hui, à l'Espérance, c'est l'entrejeu et celui-ci pèse inévitablement de tout son poids sur l'attaque. Explications. Nabil Maâloul a perdu la Champions League parce qu'il n'a pas eu le courage d'aligner un entrejeu plus offensif, capable de construire et d'apporter son soutien en phase offensive. C'était les Mouelhi, Ragued et Traoui avec pour joker Afful. Aujourd'hui, le topo n'a pas changé. Mais à l'époque, Maâloul disposait de Darragi et Msakni. Depuis, le premier est revenu pour disparaître de la circulation alors que le second est allé s'enterrer à Lakhwya au Qatar. Et si Blaïli a remplacé Youssef Msakni avec plus ou moins de bonheur, Darragi constitue, aujourd'hui, un véritable poids pour le jeu de l'équipe. Ni buteur, ni organisateur, ni créateur, Oussama n'en continue pas moins à être incontournable. A propos du jeu de l'Espérance et de certains choix de Kanzari, nous avions été apostrophés par une déclaration de Hamdi Meddeb qui nous a étrangement rappelé une autre qui a précédé la rupture avec Maâloul puis son éviction. «Je n'aime pas le jeu de mon équipe». Nous partageons entièrement son avis et nous avions maintes fois dit et écrit qu'une association Mouelhi-Ragued-Traoui ou alors Afful sanctionne le jeu et les résultats de l'équipe. Association ultérieurement aggravée par la méforme persistante et totale de Darragi depuis presque trois saisons. Maintenant, il faut des solutions et nous ne pouvons pas reprocher à Maher Kanzari de ne pas les avoir proposées. Sauf une peut-être : Driss Mhirsi. Voilà un joueur à qui tout le monde reconnaît un grand talent, qui a été titulaire à 17 ans à l'Espérance mais qui a disparu de la circulation. Ou alors on l'a fait disparaître... Toujours est-il qu'après le départ de Bouazzi et l'absence de solutions sur les flancs pour N'djeng, un Mhirsi à droite, ce n'est pas un luxe. Les autres alternatives, c'est Iheb Mskani et Akaïchi. Le second mérite plus de temps de jeu alors que le premier peut sans problèmes prendre la place de Darragi, même s'il a besoin d'être constamment secoué. Ceci pour dire qu'avec Msakni, Mhirsi, Akaïchi, Blaïli, N'djeng, Jouini et un Darragi mis sur un pied d'égalité avec les autres, l'Espérance peut être meilleure sur le plan de la qualité du jeu et de l'efficacité. Dès lors, la question qui se pose, c'est de savoir si Maher Kanzari optera pour des choix plus courageux ou alors s'il continuera à se montrer aussi frileux avec certains choix qui ont conduit son prédécesseur et l'Espérance à l'échec? La réponse est dans son camp.