Pourquoi autant de terroristes dans une zone si proche de la capitale et des grands axes routiers ? Qu'est-ce qui explique l'ampleur de ce véritable arsenal de guerre découvert à Goubellat ? Comment les terroristes ont-ils pu se mouvoir dans les parages comme un poisson dans l'eau ? Y a-t-il du laxisme, des complicités, un laisser-aller ? Où se situe l'échelle des responsabilités ? Les interrogations sont nombreuses, mais ne nous y trompons pas : nous sommes en pleine guerre. La dépêche de l'agence TAP datée d'hier en dit long là-dessus : «Treize membres du groupe terroriste, retranchés au Mont Touayer, à Goubellat (Béja) ont été tués jusqu'à présent, a confié une source digne de foi...Sept corps quasi calcinés ont été retrouvés lors de l'opération de ratissage, ce qui porte à treize le nombre des terroristes tués jusque-là. D'autres membres du même groupe terroriste ont été arrêtés, alors que d'autres se sont rendus aux forces militaires... Le porte-parole du ministère de la Défense nationale, le colonel major Taoufik Rahmounin a, également, fait état de la saisie, à proximité de la maison louée par les terroristes, d'environ deux tonnes de matière première destinée à la fabrication d'explosifs, de caisses de munitions ainsi que de matériel de vision. Soutenues par des commandos de la Garde nationale, les unités de l'armée ont bouclé la zone pour resserrer l'étau sur les éléments suspects, a-t-il ajouté. Deux caporaux de l'Armée nationale et un lieutenant des commandos de la garde nationale ont été blessés...Un adjudant touché à l'épaule a été transporté en urgence à l'Hôpital militaire de Tunis. Deux gardes nationaux étaient tombés jeudi sous les balles d'un groupe d'éléments terroristes armés et un troisième grièvement blessé au lieudit Talla, près de Goubellat, alors qu'ils étaient en patrouille pour vérifier un renseignement sur la présence d'un groupe de personnes qui venaient de louer une maison dans les parages». Les combats font rage. L'aviation, l'artillerie lourde et les commandos spéciaux sont de la partie. Rien qu'à Goubellat, les terroristes se chiffrent par dizaines. Et les questions lancinantes fusent. Pourquoi autant de terroristes dans une zone si proche de la capitale et des grands axes routiers ? Qu'est-ce qui explique l'ampleur de ce véritable arsenal de guerre découvert à Goubellat ? Comment les terroristes ont-ils pu se mouvoir dans les parages comme un poisson dans l'eau ? Y a-t-il du laxisme, des complicités, un laisser-aller ? Où se situe l'échelle des responsabilités ? Certes, nous dira-t-on, il s'agit d'une cellule dormante. Ce qui laisse pantois et dubitatif. Les cellules dormantes sont généralement beaucoup plus réduites et ne s'adonnent point à la fabrication des bombes et à l'entretien d'un véritable arsenal de guerre. Le groupe disposait de plus de deux cents grenades à main et d'un très grand nombre de fusils d'assaut kalachnikov. Il avait aussi un laboratoire moderne de fabrication d'armes. Une source autorisée, dont les propos ont été rapportés par notre confrère «Le Maghreb» dans son édition d'hier, a donné des détails troublants. A l'en croire, le groupe terroriste disposait d'une quantité impressionnante d'armes très sophistiquées, à même d'affronter quatre unités de la police armées jusqu'aux dents. Bien pis, les armes en leur possession dépassaient de loin les armes des forces de sécurité à Goubellat, quantitativement et qualitativement. Par ailleurs, les ramifications du groupe terroriste remontent jusqu'aux gouvernorats de Tunis et de l'Ariana, notamment. L'existence de groupes salafistes dans la localité et ses environs est attestée de longue date. Certains d'entre eux ont même été arrêtés et emprisonnés il y a quelques années, du temps de l'ancien régime. Le chef du groupe avait été enrôlé par un Tunisien qui combattait en Syrie. Des questions lancinantes, troublantes et problématiques sur le renseignement, ses déficiences, le repérage, le pistage et le profilage des terroristes. Interrogé sur l'existence de groupes armés dans les montagnes, un porte-parole du ministère de l'Intérieur avait défrayé la chronique. Il avait asséné qu'il s'agissait de simples citoyens qui s'adonnaient au sport de plein-air. Aujourd'hui, assurément, les terroristes à Goubellat et ailleurs ne jouent pas sur des playstation à la guerre des étoiles. Ils opèrent tout simplement une guerre terroriste cruelle, impitoyable, féroce et sanguinaire. Contre les Tunisiens, la Tunisie, ses institutions, son modèle de société, ses croyances, usages et coutumes. Ne nous y trompons pas, les temps sont durs. C'est la guerre.