De notre envoyé spécial à Montréal : Chokri BEN NESSIR Quand l'actualité touristique tourne au ralenti, un vol inaugural d'une nouvelle desserte long-courrier, avec à son bord le gotha du monde des affaires, relève de la haute voltige évènementielle. Ce fut le cas avant-hier à Montréal. Lorsqu'un homme d'affaires rêve seul, ce n'est qu'un rêve. Mais quand plusieurs hommes d'affaires rêvent ensemble, c'est le commencement d'une réalité. Cet adage s'applique parfaitement à la rencontre d'hommes d'affaires tunisiens et canadiens qui a eu lieu jeudi dernier à Montréal et qui a pris l'allure d'une grande messe économique. En effet, l'histoire punit ceux qui sont en retard, disait Gorbatchev, et c'est pour cela que les businessmen de part et d'autre voulaient aller au plus vite en besogne. Objectif : rattraper le temps perdu et baliser la voie à un échange plus fructueux, plus équitable et plus responsable à même d'en faire un modèle d'avenir. Dans son allocution, l'ambassadeur de Tunisie au Canada, M. Riadh Essid, a qualifié cette mission d'hommes d'affaires tunisiens du «plus grand déplacement jamais effectué au Canada». Soulignant que cette opération ouvrira une nouvelle page, l'ambassadeur tunisien a révélé que l'intérêt institutionnel pour ce genre d'initiatives se manifeste par l'ouverture prochaine d'une antenne à Montréal de l'Agence tunisienne de promotion des investissements extérieurs (Fipa). «C'est un point de départ qui marque une nouvelle ère dans la coopération et les échanges commerciaux entre nos deux pays», a-t-il fait savoir. L'ambassadeur du Canada à Tunis, M. Sebastien Beaulieu, qui a fait le déplacement à Montréal pour assister cette mission d'hommes d'affaires, a déclaré que « la Tunisie n'a jamais été aussi proche du Canada ». Reconnaissant le rôle qu'a joué Syphax Airlines dans la concrétisation de ce vol, M.Beaulieu a souligné que « le match retour » de cette mission économique se déroulera à Tunis en avril prochain. Au programme, la venue d'hommes d'affaires canadiens dans le cadre de la visite des membres du Conseil canadien pour l'Afrique. Pour sa part, le conseiller économique auprès de la présidence de la République, M. Anis Jaziri, a exhorté les participants à aller de l'avant car c'est un «nouveau chapitre qui s'écrit dans l'histoire des deux pays». M. Ridha Saïdi, ministre auprès de la présidence du gouvernement, qui était à la tête de cette délégation d'hommes d'affaires, a indiqué que cette mission économique a pour objectif premier de dévoiler ce «gisement de synergie» jusque-là inexploité. Le ministre, qui a énuméré les facteurs qui rapprochent les deux pays, a passé en revue les réformes structurelles engagées par la Tunisie en vue d'assainir le climat des affaires, de faciliter et d'encourager l'investissement étranger dans le pays. Il a, par ailleurs, exhorté les Canadiens à saisir les opportunités qui s'offrent dans cette phase de transition démocratique afin de se positionner comme un partenaire privilégié de la Tunisie. M. Chiheb Slama, membre du bureau exécutif de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), est revenu sur l'histoire et la mission de l'Union et a souligné le rôle assigné au secteur privé dans le rapprochement et le développement. « Cette journée, a-t-il souligné, revêt une grande importance, car elle aspire à développer le partenariat». Sur un autre plan, M. Abdejelil Bouraoui, vice-président de la Chambre de commerce tuniso-canadienne, a exprimé sa joie de voir, finalement, ce rêve d'une liaison directe entre Tunis et Montréal se réaliser. Il a indiqué que le but de la Chambre est d'aider et de favoriser l'échange entre les deux pays. Il a rappelé, dans ce contexte, que la Tunisie est l'un des partenaires les plus anciens dans la région puisqu'une chancellerie canadienne y est installée depuis 1957. Que peut offrir le Canada aux Tunisiens ? Mme Nadia Tabba, du Programme immigrant investisseur, a résumé un peu les atouts et les facteurs de compétitivité de ce pays. «Le Canada est un très grand territoire, une terre d'accueil. C'est le deuxième plus grand pays au monde. Il détient plus de 20% des ressources mondiales en eau. Il compte le niveau de vie le plus élevé et dispose d'une économie stable, de villes sécurisées, d'un système d'éducation de renommée et d'un environnement favorable aux affaires». De quoi encourager les investisseurs tunisiens à partir en conquérants ! Cette journée, qui a été marquée par des moments forts, a servi de lieu d'information et de débat sur les possibilités qui s'offrent aux Canadiens et aux Tunisiens, et a permis d'appréhender les créneaux porteurs pour l'investissement et les échanges économiques. Reste à savoir maintenant si, avec cette nouvelle ligne aérienne, les acteurs économiques des deux pays auront le feu sacré et disposeront des moyens nécessaires pour engager le partenariat tuniso-canadien sur la voie d'une croissance optimale et durable. C'est un nouvel équilibre qu'il s'agit donc d'inventer...et vite !