Christophe Ono-dit-Biot a remporté, jeudi, le Grand prix du roman de l'Académie française pour son cinquième roman : Plonger. La saison des prix littéraires 2013 s'est ouverte jeudi avec l'attribution du Grand prix du roman de l'Académie française à l'écrivain Christophe Ono-dit-Biot pour son nouveau roman Plonger, paru en septembre aux éditions Gallimard. Ce récit d'amour tragique et de quête quasi initiatique est une des grandes livraisons de cette rentrée littéraire. Les Immortels du Quai Conti ne s'y sont pas trompés. Ils ont été sensibles à la fragilité majestueuse de son écriture et l'ont préféré à Apollinaria de Capucine Motte (Lattès) et aux Evaporés de Thomas B. Reverdy qui étaient en lice pour le prix. Le choix des académiciens s'est imposé dès le premier tour avec 11 voix pour contre 4 voix pour Reverdy et 3 voix pour Motte. On se souvient, le Grand prix du roman avait été décerné l'année dernière au jeune auteur suisse de 27 ans, Joël Dicker, pour son long roman de 670 pages, intitulé La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert. La reconnaissance des académiciens avait permis à l'ouvrage du Genevois de connaître un succès de librairie exceptionnel. Circonstances rocambolesques Plonger raconte l'histoire de Césaire et de Paz, commençant par la fin tragique d'une passion amoureuse intense et inquiète. Le récit s'ouvre sur la mort de la jeune femme dont on a trouvé le corps nu et sans vie sur la plage d'un pays arabe. Elle était photographe et fascinée par les grandes étendues qu'elle n'a eu de cesse de capter avec sa caméra pour en révéler l'inquiétante étrangeté.C'est Césaire qui parle, retraçant pour son fils, désormais orphelin de sa mère, les grandes étapes de la vie de ses parents. Il remonte aux circonstances rocambolesques de leur rencontre, se remémore la séduction, la passion et, pour finir, le lent et inexorable déclin de l'amour. Rien n'est épargné à l'enfant. A travers cette histoire, qui est aussi une allégorie de la vie contemporaine, Césaire cherche à transmettre à son fils les heurs et malheurs de sa génération, ses désarrois et ses inquiétudes face aux mutations civilisationnelles à l'œuvre en Occident comme ailleurs. Dans un entretien à la presse, Christophe Ono-dit-Biot a dit que le thème de son roman, c'est l'amour, ou plutôt «la difficulté d'aimer dans notre époque». Le romancier brasse aussi d'autres sujets, celui de la transmission et celui de la superficialité affligeante de notre temps évoquée à travers les embardées autobiographiques qui nous entraînent dans le monde de la presse écrite et de la télévision que l'écrivain connaît bien. Des pages inspirées Enfin, l'autre, l'attrait et le rejet de l'ailleurs sont des thèmes que ce roman explore à travers ses personnages qui se définissent par leurs soucis d'enracinement et leurs curiosités pour les mondes lointains dont les lumières hantent les pages de ce roman. Ce n'est sans doute pas anodin si l'héroïne s'appelle Paz et son mari Césaire. Le roman s'ouvre sur une longue référence à l'Iliade, un talisman culturel qui ne protègera pas les personnages contre leur fascination pour les univers inconnus et inconnaissables qui sont en train de se lever par-delà les frontières du monde connu. Ce sont des thèmes que le romancier avait déjà traités dans ses précédents romans (Désagrégé(e), Interdit à toute femme et à toute femelle, Génération spontanée et Birmane) dont l'action se partage entre Cuba, le Belize, la Grèce byzantine et la Birmanie. L'ailleurs est aussi le thème des reportages et des articles que le romancier Ono-dit-Biot écrit pour la presse. Agrégé de lettres et journaliste de métier, il est directeur adjoint de la rédaction de l'hebdomadaire Le Point. Il dirige notamment les pages culture de ce magazine. Quelques-unes des pages les plus féroces du roman ont été inspirées par la superficialité du monde des médias que l'auteur de Plonger fréquente avec assiduité: «Oui, j'aimais qu'on me maquille à l'aube, qu'on me repasse mes chemises, qu'on me demande si j'avais besoin d'un bon café, qu'on m'allume mes micros, j'aimais me faire manipuler, j'aimais être bon dans l'instant, j'aimais sprinter, j'aimais brûler devant des millions de personnes une vocation d'ascète, de coureur de fond solitaire, pourtant apparue bien tôt. Je n'écrivais plus mais c'était pour la cause. Sur les plateaux, dans le flux des ondes, je parlais des livres des autres, des films des autres, des œuvres des autres». Goncourt, Renaudot, Médicis La récompense attribuée par l'Académie française ouvre le bal des prix littéraires de l'automne. Les libraires et les éditeurs attendent avec impatience la proclamation du Goncourt, du Renaudot, du Femina, du Médicis et de l'Interallié, pour ne citer que les récompenses les plus prestigieuses. Ces prix sont importants, car ils demeurent prescripteurs et influencent la vente des livres pendant la période des fêtes de fin d'année.