Le secrétaire général de l'Uget laisse planer la menace d'une grève ouverte si l'on ne répond pas aux revendications des étudiants. Les défaillances du système universitaire LMD, la précarité des services et la déviation de l'administration vers «une culture réactionnaire» sont les principales raisons pour lesquelles l'Union générale des étudiants tunisiens (Uget) a décrété la grève générale. En effet, hier, les établissements d'enseignement supérieur ont observé une journée de grève dans toutes les régions, avec un fort taux de participation. Estimé par le syndicat à plus de 90% sur le plan national, ce taux a avoisiné les 100% dans les campus universitaires de Tunis, Sousse, Sfax, Le Kef, Gabès et la faculté des sciences humaines 9 avril de Tunis. Selon le secrétaire général de l'Uget, Waël Naouar, le taux d'adhésion à la grève s'est situé entre 70 et 90% dans l'ensemble des instituts et écoles où l'Uget est représentée. «Pour ce qui est des autres instituts, où notre organisation n'est pas présente, a-t-il ajouté, ce taux a varié entre 60 et 90%. Cependant, on a eu tout de même du 100% à l'Institut des beaux-arts de Tataouine. Les faibles taux, entre 20% et 40%, ont été enregistrés dans les facultés de médecine qui sont en par une période d'examens et de stages. Les étudiants s'y sont contentés d'effectuer des marches de protestation. Globalement, cette grève a été réussie». Les revendications des étudiants en grève, formulées depuis la rentrée, concernent essentiellement le système LMD, qui est jugé défaillant sur plusieurs plans. De même, ils revendiquent l'amélioration des services dans les établissements et les foyers (transport, bibliothèques, hébergement, nourriture, etc.). Les étudiants ont également appelé à ce qu'on cesse le «harcèlement» des étudiants, du corps enseignant et des ouvriers dans les établissements universitaires. «En effet, a expliqué Waël Naouar, nous avons constaté qu'à travers les nominations partisanes des directeurs des foyers universitaires ainsi que des administrateurs au niveau des universités, notamment en faveur des gens touchés par l'amnistie générale, le ministre de l'Enseignement supérieur tente d'imposer une nouvelle culture plutôt réactionnaire». Marche contre le terrorisme Le secrétaire général de l'Uget a ajouté : «Une autre revendication qui s'impose concernant le devoir de faire face au terrorisme. Nous appelons à ce qu'on poursuive les milices qui ont agressé les étudiants la veille de la grève. Nos locaux ont été saccagés et celui de la Faculté des sciences de Tunis a été brûlé par une bande de 150 intrus, avec à leur tête le fils du ministre de la Santé, Abdellatif El Mekki, et le membre du conseil de la Choura, Rached Kahlani. Et nous avons les preuves». Waël Naouar a indiqué qu'une marche de protestation commune a eu lieu hier, à partir de 12h, depuis la Faculté des sciences humaines 9 avril, pour rallier la place de La Kasbah, avec la participation des syndicats généraux de l'éducation, de l'enseignement de base, de l'enseignement secondaire et et de l'enseignement supérieur, ainsi que des syndicats des agents du secteur éducatif et des organisations défendant les écoliers. «C'est une première. Il était question de rendre hommage aux martyrs et d'encourager les forces de sécurité intérieure et l'armée dans leur lutte contre le terrorisme. De même, c'était l'occasion pour appeler à l'accélération du départ du gouvernement. Le système éducatif dans sa totalité est en danger. Si on ne répond pas à nos revendications ou si l'enquête concernant les agresseurs des étudiants ne se fait pas dans un bref délai, nous allons entamer une grève ouverte», a déclaré le secrétaire général de l'Uget.