Dessinateurs et caricaturistes, les témoins d'une époque et commentateurs de l'actualité, regards critiques et humour au vitriol. Eux ce sont Baki et Slim d'Algérie, Nizar Ali Siala de Libye, Khalid Gueddar du Maroc, Damien Glez du Burkina Faso, Pierre Kroll de Belgique, Plantu de France et les Tunisiens Nadia Khiari (Willis from Tunis), Chedly Belkhamsa, Dlog, Nidhal Ghariani et Tawfik Omrane. Ils étaient présents pour parler de leurs expériences respectives en tant qu'artistes et journalistes, présenter leurs œuvres mais établir le dialogue avec une audience venue nombreuse malgré la chaleur étouffante d'une salle dépourvue de climatisation, pour rencontrer ces caricaturistes qui savent si bien faire parler les lignes. Ils sont tous membres de l'association Cartooning For Peace, fondée en 2006 par le caricaturiste français du journal Le Monde Plantu sous l'impulsion de Kofi Annan, ancien SG de l'Onu. . L'association s'est fixée comme principaux objectifs de réunir des artistes de sensibilités différentes et de favoriser les rencontres entre des caricaturistes professionnels de toutes nationalités et le large public. Plantu, que l'on ne présente plus, a commencé par introduire les différents caricaturistes. Il cède la parole à notre collègue du journal La Presse, Chedly Belkhamsa, pour présenter une sorte d'anthologie de ses travaux de l'année 2013, un exposé intitulé «la Tunisie en une année». Cette rencontre des caricaturistes fut une occasion de découvrir certains de nos jeunes caricaturistes, en l'occurrence les initiateurs du site Yaka Yaka, Nadia Khiari et Nidhal Ghariani, d'en savoir plus sur Slim, un des plus grands caricaturistes de la presse algérienne et créateur du personnage Bouzid, connu de tous comme le témoin des années sanguinaires qu'a vécue l'Algérie. Ce ne fut pas évident, non plus, pour le Libyen Nizar Ali Siala qui n'avait pas la langue dans sa poche du temps de Guaddafi (ni actuellement d'ailleurs) qui, avec la virulence de son dessin, a tenté de résister à la censure et la répression régnante. Evidemment, on ne peut parler de liberté d'expression sans avoir une pensée pour ceux qui se battent encore pour leur droit à la porale libre. Certains blogueurs et membres d'Amnesty Internationale n'ont pas oublié de le faire en appelant à la libération de Jabeur Mejri, condamné à 7 ans et demi de prison pour avoir publié des caricatures du Prophète sur sa page Facebook. Inculpé pour trouble à l'ordre public, atteinte aux bonnes mœurs et diffusion de productions étrangères sur des réseaux publics, Jabeur croupit en prison dans un scandaleux mutisme général. Ces différents chevaliers du crayon et de la ligne, dont certains, ont eu le courage de résister aux répressions les plus acharnées ont su tenir le coup, ainsi que leur public, face à la chaleur étouffante de la salle. Encore une fois, l'organisation de la Foire a failli, une bonne caricature illustrant la situation serait la bienvenue !