Critique acerbe de certains fléaux de la société tunisienne Ahwal (états) est une nouvelle pièce de théâtre écrite et mise en scène par Mohamed Kouka, produite par la Troupe de théâtre de la ville de Tunis dont la première a été donnée, samedi dernier, au Théâtre municipal de Tunis, devant une assistance assez nombreuse. Cette pièce d'une heure raconte «en filigrane», à partir d'une situation banale, l'histoire d'un pays déchiré. C'est une critique acerbe de certains fléaux de la société tunisienne. Le décor de la pièce se réduit à un salon, placé au centre de la scène, où quatre personnages (deux couples) établissent un dialogue pour résoudre un problème. Il s'agit d'une dispute entre deux enfants à laquelle les parents essayent de trouver un compromis. Tantôt vide, tantôt chargé de messages et de sous-entendus, le discours tenu par ces quatre personnages nous en dit long sur les tréfonds, la personnalité et l'hypocrisie de ces protagonistes. Incarnés par Zouhaïer Raïs, Kawthar Bardi, Ikram Azzouz et Rim Zribi, ces personnages sont à l'image de ce pays tiraillé. Ils reflètent le comportement des Tunisiens, qui n'arrivent pas à se mettre d'accord, à se réconcilier et à accepter leurs différences. L'hypocrisie, le mensonge, l'égoïsme et l'arrivisme deviennent le moteur de la pièce Ahwal. Toutes les catégories sociales y sont présentes : la femme intellectuelle, rôle incarné par les deux actrices Kawthar Bardi et Rim Zribi, l'homme de culture, «l'avocat» joué par Ikram Azzouz, et l'affairiste, rôle incarné par Zouhaïer Raïs. Chacun d'entre eux use d'un registre de langage qui lui est propre. Le texte de la pièce est chargé de messages. Le choix des noms des protagonistes comme Zohra, Najet... n'est pas anodin, ainsi que les répliques parsemées de termes violents —faisant allusion à la répression, au désaccord, à la paix— qui sont récurrents dans le texte. La pièce est aussi basée sur les gestes comiques et les jeux de mots. Les personnages se tournent en dérision à maintes reprises. Par une gestuelle bien maitrisée et étudiée, les acteurs ont réussi à susciter le rire chez le public présent. «Il s'agit d'une situation banale, certes, mais il m'a semblé que la pièce dans sa signification la plus profonde a du sens. Les valeurs s'effacent quand la situation devient aiguë. D'une autre manière, j'ai voulu montrer que le savoir, la connaissance ne remplacent pas la sensibilité humaine», nous a expliqué Mohamed Kouka à la fin de la représentation.