Les projections prévoient d'ici à 2030 une augmentation de 1,1% de la température de la terre et une baisse de 5 à 10% de la pluviométrie et 20% des ressources en eau. Les bouleversements climatiques, tout le monde en parle. Les scientifiques en imaginent les conséquences sur l'économie, la santé, la biodiversité et les ressources en eau. S'agissant de la Tunisie, «on aura le climat de Gabès au nord et on portera des tee-shirts toute l'année», avance Dr. Raoudha Gafrej, universitaire et expert de l'eau. Le beau temps toute l'année correspondra à des périodes sèches plus longues et plus fréquentes — baisse de 5 à 10% de la pluviométrie — et des pénuries d'eau plus courantes — baisse de 20% des ressources en eau. Les scientifiques ne peuvent s'empêcher d'être pessimistes, voire alarmistes. L'état actuel des ressources en eau n'est pas lui-même rassurant. L'eau coule du robinet 24 heures sur 24 avec des épisodes sporadiques de pénurie d'eau, surtout en été. Un miracle pour un pays au climat semi-aride à aride vers le sud et à la pluviométrie variable du nord (400 à 1.000 mm par an) au sud (moins de 100 mm). Comment la Tunisie satisfait-elle ses besoins en eau ? «En consommant 5 fois son potentiel en eau bleue (eaux de surface) : 2.217 mètres cubes par habitant et par an contre une dotation de 450; la moyenne mondiale étant de 1.000 mètres cubes par habitant et par an. Pour ce faire, une forte pression est exercée sur les eaux souterraines (eau verte) même si 56% des besoins viennent des barrages. La surexploitation des ressources en eau s'explique par le fait que la production d'eau potable a toujours été une priorité en Tunisie. Changer les comportements et les modes de consommation d'eau Les perspectives négatives de l'eau et leurs circonstances aggravantes en raison des impacts des changements climatiques prévoient pour les pays en déficit hydrique une augmentation continue des besoins en eau compromettant la sécurité alimentaire, une baisse de la quantité et de la qualité de l'eau, une dépendance de plus en plus grande à l'eau verte souterraine et à ce qu'on appelle l'eau virtuelle ou eau importée. Cette eau entre dans la production des produits agricoles et industriels, des équipements et autres produits importés. Dr. Gafrej souligne que pour faire face à cette situation, il sera nécessaire, le plus tôt possible, d'agir sur les comportements et les modes de consommations d'eau et de les changer. Les modes de production seront également revus et des cultures voraces en eau devront peut-être même être abandonnées. Comme c'est le cas de la culture des dattes dans le sud. Parallèlement, il faudra valoriser le gisement des eaux usées qui est en train d'augmenter. «La multiplication de la réutilisation des eaux usées traitées sera une des principales mesures de lutte contre les effets des bouleversements climatiques», affirme l'expert. Pour ce faire, il faudra également pousser le traitement des eaux usées pour obtenir une eau traitée de bonne qualité, voire de l'eau potable.