Plus d'un million d'hectares sont menacés par une érosion hydrique dont 967.670 ha d'un niveau fort. Inquiétant pour l'avenir de l'agriculture dans le pays! Les terres se dénudent de plus en plus dans la région du Nord-Ouest alors que les sols s'appauvrissent d'année en année, à cause de l'érosion hydrique qui touche une grande partie des terres agricoles, faisant planer, au demeurant, plusieurs inquiétudes sur l'avenir du secteur productif dans le pays, en particulier dans son principal foyer, la région du Nord-Ouest en l'occurrence. Accélération des phénomènes extrêmes, changement climatique, désastre en cas d'inondation et déséquilibre écologique: tel est le paysage de la nature dans cette région du pays, plus que jamais nécessitant une mise en place d'une stratégie de protection des terres agricoles à moyen et long terme. La journée organisée à cet effet par le commissariat régional au développement agricole du Kef, il y a quelque temps, a montré l'urgence qu'il y a de mettre en place des actions rapides en faveur de la protection des eaux et des sols dans le Nord- Ouest où 1,136 million ha de terres agricoles sont fortement ou moyennement menacés par l'érosion hydrique. Les données fournies par les services compétents montrent que c'est le gouvernorat de Siliana qui est menacé en premier lieu avec un taux de 65,4%, suivi du gouvernorat du Kef avec un taux de 63,9% puis Béja avec 63% contre 35% pour le gouvernorat de Jendouba. Le commissaire régional au développement agricole du Kef a même lancé un cri d'alarme pour la mise en place d'actions rapides et urgentes visant la protection des terres menacées par l'érosion afin de préserver le secteur agricole et de pérenniser la production à tous les niveaux de considération en ce qu'elle représente un objectif incontournable pour la survie de la population. Le responsable régional a expliqué un tel phénomène par plusieurs facteurs. D'abord le surpâturage sous toutes ses formes, ensuite viennent l'appauvrissement des sols et l'extension aux dépens des cours d'eau, sans négliger encore les phénomènes naturels, tels que les glissements de terrain ou l'intensité des chutes pluviales lors de certaines années. Mais le phénomène de l'érosion ne concerne pas seulement la Tunisie, vu que les pluies emportent, selon le directeur général de l'aménagement et de la conservation des terres agricoles, au ministère de l'Agriculture, plus de 24 millions de tonnes de terres dans le monde sont annuellement emportées par les eaux, il est impératif pour notre pays d'agir rapidement contre le phénomène le plus inquiétant pour l'avenir de l'économie agricole, d'autant plus que l'on assiste, d'après le même responsable, à une dégragation de la fertilité de nos terres. Autre bémol inquiétant : l'accélération du déséquilibre écologique. A ce sujet, le commissaire régional a fait savoir qu'à l'issue d'une visite à Touiref, non loin du Kef, après des chutes pluviales, au début de l'automne, l'on a constaté une prolifération sans précédent de crapauds sur une superficie réduite. Les analyses opérées en Suisse à ce sujet ont montré, selon la même source, le manque de prédateurs et donc un déséquilibre dans l'écosystème, nourrissant ainsi d'autres inquiétudes sur l'état des lieux en matière de biodiversité animale. A la question de savoir si l'on peut limiter les dégâts, le commissaire s'est dit optimiste, mais à des conditions. Il va falloir s'y mettre avec beaucoup de volonté politique et administrative, coordonner les actions, revoir la réglementation en vigueur et élaborer des stratégies de conservation des eaux et des sols, tout en établissant des accords avec les agriculteurs dans le cadre de la lutte champêtre et la vulgarisation agricole en faveur des exploitants pour l'amélioration des rendements de leurs terres. Il va falloir aussi prendre en considération tous les facteurs exogènes et œuvrer à mettre à contribution tous les acquis accomplis dans le secteur agricole pour rentabiliser la production et assurer les besoins de la population en matière de nourriture. Cela ne paraît pas impossible si l'on fait davantage attention à la terre nourricière et qu'on l'entoure des soins nécessaires.